Hôpital: 1.500 postes d'internes en moins à la rentrée, les services de santé face à une nouvelle difficulté

Le système de santé français s'apprête à subir de nouvelles difficultés. Dès la rentrée prochaine, 1.500 postes d'internes seront supprimés dans les hôpitaux. Cette différence s'explique par la baisse du nombre de candidats cette année.
En cause: une réforme du concours d'internat qui a poussé de nombreux étudiants à redoubler leur année. Ils préféraient obtenir de meilleures notes l'année prochaine pour avoir plus de chances d'avoir leur spécalité.
Cette réforme implique l'instauration d'une note couperet de 14 sur 20 et de l'ajout d'un oral.
Pour François Salachas, neurologue et porte-parole du collectif inter-hôpitaux, cette réaction des étudiants est le signe d'un manque de confiance dans la santé.
"Quand on a pas confiance, on la joue perso. Et c’est pareil pour les soignants à l’hôpital. C'est pour cela qu’il y a autant d’interimaires: c’est parce qu’on a tellement cassé le collectif de soins qu'ils prennent leur salaire et repartent, et pendant ce temps, il n’y a pas d’équipe stable, or la qualité des soins c’est une équipe stable", analyse-t-il.
Une pétition lancée par les étudiants qui ont réussi le concours
Résultat, moins de postes seront donc disponibles pour les internes. Alors qu'ils étaient 9.500 en 2023, ils seront un peu moins de 8.000 cette année. Une situation que les étudiants qui ont, eux, réussi leur concours dénoncent dans une pétition qui a recueilli pour l'instant 9.200 signatures.
Ils pointent du doigt les difficultés d'accès à leur spécialité et demandent la réouverture de négociations sur le nombre de postes d'internes proposés.
Cette baisse des effectifs est un coup dur pour les professionnels de la santé qui craignent une charge de travail supplémentaire.
"En tant qu'interne, on représente bien 40% du personnel médical à l'hôpital public, notamment au CHU. Indéniablement, on risque d'avoir une charge de travail supplémentaire et cela risque de créer également des délais d'attente un peu plus longs pour les patients", indique Yassine Bahr, vice-président de l'Intersyndicale Nationale des Internes.
Des services mis en difficulté
La situation provoque en outre l'inquiétude de Christophe Prudhomme, porte-parole de l'AMUF (Association des Médecins Urgentistes de France).
"Le problème c'est que cette baisse brutale du nombre d'internes va provoquer un certain nombre de difficultés dans des services qui comptent beaucoup sur les internes pour assurer les permanences de nuit, donc les services d'urgence, de réanimation, de radiologie, de biologie...", énumère-t-il.
Pour le porte-parole, il est clair que cette baisse d'effectifs aggravera les dysfonctionnements déjà connus aujourd'hui à l'hôpital.
Pour combler les trous et le manque de personnel, les professionnels de santé réalisent plus d'heures et plus de gardes. Le gouvernement promet de son côté d'embaucher des médecins étrangers pour pallier les sous-effectifs. Encore faut-il trouver du personnel d'ici le mois de novembre et qu'il soit formé au système médical français.
En attendant, l'hôpital français se prépare à l'épidémie de mpox (ou variole du singe). Gabriel Attal a annoncé ce vendredi 16 août le placement du système de santé français en "état de vigilance maximale".