"Je ne veux pas qu’on me prenne pour un enfant": atteint de diabète, Laurent redoute un confinement ciblé pour les personnes à risques
Le niveau de l'épidémie de coronavirus est "inquiétant" en France et le gouvernement "va être obligé de prendre un certain nombre de décisions difficiles dans les huit à dix jours maximum". C'est le président du conseil scientifique Jean-François Delfraissy qui l'affirme. Lors de sa conférence de presse, il a notamment évoqué un renforcement de la protection des personnes à risques "afin de créer une sorte bulle autour de ces personnes". Un isolement ciblé n'est donc pas à exclure.
Laurent est atteint de diabète de type 1 depuis sa jeunesse, il fait parti des personnes à risque. Mais son avis est sans appel. Laurent, diabétique depuis 47 ans, se sentirait discriminé si on l'obligeait à s'isoler. “J'encaisserai très mal, ça c'est clair. Je trouve que ce serait injuste en plus de cibler une population parce qu'on a une pathologie”, assure-t-il.
C'est justement ce ciblage qui l'insupporte. Il n'a aucune envie d'être infantilisé.
“Je suis aussi responsable qu’un autre membre de la population et je ne veux pas qu’on me prenne pour un enfant. J’ai 56 ans et mon choix de vie doit rester un choix de vie”, indique-t-il.
Une vie organisée pour ne pas prendre de risque
D'ailleurs, depuis le début de la crise sanitaire, sa vie est déjà organisée autour des précautions à prendre.“J’ai acheté un vélo pour aller au travail pour éviter les transports en commun. Je ne suis pas retourné au cinéma. C’est sûr que je ne vais pas me coller aux gens. Moi les un mètre de distance, je les rallonge”, assure-t-il.
C'est sa pathologie, qui a fait de lui quelqu'un de précautionneux.
“Le diabète m'a toujours appris à être méfiant des maladies depuis tout petit. On m’a toujours dit de faire attention. C’est une éducation, on a presque essayé de me faire peur et donc c’est pratiquement inné dès qu’il y a un risque, je sais qu’il faut faire ce qu’il faut pour ne pas attraper la grippe…”, ajoute-t-il.
Pourtant, un arbitrage sera bien nécessaire entre le respect de la liberté individuelle et le risque que présente les personnes diabétiques, selon Robert Sebbag infectiologue à l'Hôpital de la Pitié Salpêtrière de Paris.
“On voit aujourd’hui que ces personnes ont pris conscience du risque et qu’elles se protègent mieux. Alors faut-il aller plus loin ? Il va falloir arbitrer entre la liberté individuelle et le risque que représente les personnes diabétiques. Mais c’est vrai que ce sont les personnes qui peuvent payer le plus lourd tribut à cette maladie”, assure-t-il.
Le diabète fait en effet parti des facteurs aggravant du Covid-19, tout comme l'âge avancé, l'obésité ainsi que certaines maladies respiratoires.