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On voit la réapparition de maladies mortelles alors qu'elles sont très bien prévenues par la vaccination

Deux cent grands médecins ou responsables hospitaliers lancent un appel en faveur de la vaccination obligatoire souhaitée par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Invité dans Bourdin Direct, le Professeur Éric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à La Pitié-Salpêtrière, explique que certaines maladies mortelles ont fait leur retour, alors qu’elles peuvent être éradiquées par la vaccination.

Ils soutiennent la volonté d'Agnès Buzyn, ministre de la santé, de "rendre obligatoire les onze vaccins destinés aux enfants". Deux cent grands médecins ou responsables hospitaliers lancent un appel en faveur de la vaccination obligatoire. Aujourd'hui, seuls trois vaccins sont obligatoires: la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Concernant les huit autres, ils sont seulement recommandés. Le professeur Éric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à La Pitié-Salpêtrière, fait partie de ces 200 médecins. Invité dans Bourdin Direct, il explique avoir observé un fort retour de maladies très dangereuses, à cause d'un relâchement des Français sur la vaccination. 

"Il semblait nécessaire de rappeler aux Français l’importance de la vaccination, qui nous semble en déshérence actuellement. Nous sommes en phase avec la demande de la ministre de la santé, et c’est aussi un impératif de santé publique. Il y a un relâchement sur la couverture vaccinale, c’est-à-dire le nombre de français qui sont correctement vaccinés. Cette diminution a des conséquences potentiellement dramatiques avec la réapparition de maladies mortelles, alors qu’elles sont très bien prévenues par la vaccination".

La situation est telle, selon le professeur Caumes, que le retour de certaines maladies est révélateur d’un niveau de vie "digne d’un pays en voie de développement". "Parmi les maladies qui reviennent, il y en a dont on ne peut pas accepter le retour, comme la rougeole. Il y a eu des dizaines de milliers de cas de rougeole en France, et ce n’est absolument pas normal. Des enfants sont morts de la rougeole, c’est digne d’un pays en voie de développement. Ce n’est pas admissible pour nous. Il y a encore une jeune fille qui est morte cette semaine de la méningite à méningocoque à Paris, alors que la vaccination est recommandée. La diphtérie réapparaît également, par l’intermédiaire des migrants qui n’ont pas une bonne couverture vaccinale".

Eric Caumes exclu toute entente avec les laboratoires, et regrette que les Français soient si méfiants vis-à-vis des vaccins. "Les Français doutent trop des vaccins, et même certains médecins en doutent, c’est le pire. C’est nous qui sommes responsables, on n’a pas rappelé l’importance de l’histoire du vaccin et tout ce que ça a apporté à l’histoire de la médecine."

Concernant les théories du complot, vu le coût des vaccins par rapport à certains médicaments, les laboratoires ne se font pas de grosses marges. Certains médicaments valent des milliers d’euros sur les marchés, alors que certains vaccins sont en rupture de stock. Cela montre bien que les laboratoires ne se précipitent pas pour en produire et en vendre", poursuit le médecin.
Bourdin Direct avec A.B.