"Qu’est-ce qu’il faut de plus pour agir?": la dangerosité de la proximité des vignes traitées prouvée

Si vous vivez à moins de 500 mètres d’une vigne traitée avec des produits phytosanitaires, vous êtes davantage exposés aux pesticides que les autres Français. C’est la principale conclusion de l'enquête Pestiriv publiée lundi. Une étude menée depuis quatre ans par Santé publique France et l’Agence de sécurité sanitaire (l’Anses), dans six grandes régions productrices de vin.
Selon cette étude, plus la quantité de produit utilisée est forte, plus l’exposition des riverains est importante. Une exposition qui diminue plus on s'éloigne des vignes. Cette étude compare le niveau d’exposition aux pesticides dans des zones viticoles et non-viticoles. Chez les personnes qui vivent à quelques centaines de mètres d’une vigne, soit 4% des Français, la concentration en pesticides est jusqu’à 45% plus importante dans les urines. En particulier d’ailleurs chez les enfants de 3 à 6 ans.
Un risque de leucémie pour les enfants augmenté
Cette exposition est plus intense pendant les périodes de traitement des cultures, de mars à août et concerne de multiples substances, parmi lesquelles le folpel ou le glyphosate.
L’Anses et Santé Publique France recommandent de limiter l’utilisation de ces produits au strict nécessaire. Et comptent évaluer plus tard le risque sanitaire liée à cette surexposition. L’étude conseille par ailleurs aux riverains des zones viticoles de nettoyer leur logement régulièrement et d’éplucher les fruits et légumes de leur jardin.
Les résultats de cette étude alarment les riverains de zones viticoles près de Bordeaux comme ces parents à Blasimon en Gironde.
“Les chiffres parlent, on ne pensait pas que se serait si élevé. Mais que faire ? C’est quand même alarmant parce qu’on est à une époque où on sait faire autrement”, appuie une maman.
Et l’exposition aux pesticides est encore plus importante en période de traitement, de mars à août comme le constate Cyril qui vit juste en face d’un vignoble. "Il y a certaines années où ça gratte la gorge. Donc moi ce que je fais maintenant comme on est prévenu, c’est que je m’en vais. Il n’y a pas 36 solutions”, indique-t-il. Autour de sa maison, les viticulteurs assurent n’avoir pas d’autres choix que de pulvériser ces produits.
"Qu’est-ce qu’il faut de plus?"
Une étude qu’il faut mettre en rapport avec une autre datant de 2023 selon Pierre-Michel Périnaud, Président de l'association "alerte des médecins sur les pesticides".
“Une autre étude qui avait été demandée dans le même cadre, qui porte sur les risques de leucémie pour l’enfant, et qui est sortie en 2023, corrobore bien le fait que quand on est enfant et qu’on vit dans une région viticole, on a une augmentation du risque de leucémie. Ce n’est pas un taux extraordinaire, mais c’est un taux d’augmentation quand même donc le risque augmente. Et donc il faut mettre en rapport maintenant ces deux études”, explique-t-il sur RMC ce mardi.
Pour le médecin, il y a urgence à réduire leur utilisation.
“On sait que la mesure la plus efficace, ça va être la réduction de la pollution à la source. Et en plus l’un des pesticides qu’on retrouve le plus, c’est un cancérigène suspecté. Donc qu’est-ce qu’il faut de plus?” demande-t-il.
L’enquête Pestiriv devra servir plus tard à évaluer le risque sanitaire de cette surexposition aux pesticides.