Tabac: la consommation de cigarettes de contrebande et contrefaçon explose en France

Achetez-vous encore des cigarettes chez le buraliste ? Les Français semblent le faire de moins en moins. Selon une étude de Ernst and Young (commandée par Philip Moris International et Japan Tobacco Internation), le marché parallèle représente désormais 38% du marché global du tabac en France. Un chiffre en constante augmentation depuis 2019, date à lequelle où il ne représentait alors que 23%.
La raison? "Tout simplement le prix", selon Philippe Coy, président de la confédération des buralistes. Celui-ci a dénoncé ce samedi au micro d'Anaïs Matin sur RMC, une "méthode du prix qui ne fonctionne pas" et qui pénalise le secteur. "Nous sommes les seuls dans l'UE" à appliquer cette "fiscalité comportementale", a-t-il regretté. L’étude pointe effectivement cet effet: en France, le paquet est 40% à 100% plus cher que ceux de nos pays frontaliers.
Le marché parallèle est divisé en deux grandes catégories: il y a d’un coté celle qui est légale, lorsque vous achetez vos cigarettes à l’étranger en revenant de vacances, par exemple. Puis, il y a en majorité celle qui est illégale. Il s’agit là des trafics de contrebande et de contrefaçon.
Une perte de 4 milliards d'euros pour l'Etat
Conséquence, les consommateurs prennent de plus en plus le temps de trouver des solutions moins onéreuses, quitte à être dans l’illégalité. Un tiers des consommateurs affirme ne pas avoir acheté de tabac chez un buraliste au cours des 12 derniers mois. Les pertes fiscales pour l'État liées à ces trafics s'élèvent à près de 4 milliards d’euros en 2023. La taille de ce marché équivaut à plus de 1.500 semi-remorques de cigarettes par an en France, un volume en constante augmentation.
À Bordeaux, le long d’une artère passante, quelques vendeurs à la sauvette sont accoudés à un distributeur, dans leurs poches de manteau, ils cachent plusieurs paquets de cigarette rouge et blanc venu d’Algérie. Prix du paquet, 8 €. "Je vends 20 paquets par jour", affirme l'un d'entre eux, qui évoque une clientèle de tous âges.
Même s’il est interdit par la loi, ce marché parallèle de vente de cigarettes est en constante augmentation depuis 2019, Pour Léo, habitant de Bordeaux, cette pratique est devenue un réflexe. Depuis plusieurs mois, il n’achète que des cigarettes issu de ce marché. "À chaque fois j'essaie d'anticiper. Dès que je sais que je vais arriver à al fin, je fais toujours en sorte de trouver quelqu'un qui puisse m'en apporter. C'est purement en termes de budget", affirme-t-il.
Les buralistes à la peine
Si l'Etat perd de l'argent comme précédemment évoqué, les buralistes sont également à la peine du fait cette concurrence déloyale et souffrent d'une perte estimé à près de 600 millions d’euros. Par ailleurs, les revenus liés aux trafics, 2 milliards d'euros, sont désormais équivalents aux montant de la commission tabac des buralistes. La rentabilité des trafics est telle qu'une usine clandestine peut atteindre jusqu'à 80 % de marge, avec un retour sur investissement en quelques semaines.
L’achat de cigarettes à la sauvette est puni de 135 euros d’amende. Si 12 millions de personnes fument en France, près de 6 fumeurs quotidiens sur 10 disent vouloir arrêter.