"Vraiment inquiétant": un interne, condamné pour agressions sexuelles, intègre le CHU de Toulouse

Une affectation qui pose question. Un étudiant en médecine, condamné à de la prison avec sursis pour des agressions sexuelles, devrait intégrer le CHU de Toulouse pour effectuer son internat. Une affectation qui provoque la colère des étudiants en médecine et des syndicats, car, en attendant le procès en appel prévu début 2025, il est autorisé à exercer.
Le Doyen, qui a été mis devant le fait accompli, ne peut rien faire pour empêcher son affectation. Il doit prendre ses fonctions début novembre. Le CHU et l'université expliquent qu'ils seront attentifs "à encadrer avec vigilance le déroulement des stages de cet interne, et ce, en cohérence avec leurs engagements très forts concernant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes".
"Deux poids, deux mesures"
Au CHU de Purpan, Natacha, une interne âgée de 24 ans, ne cache pas sa colère: “Je suis très étonnée et écœurée que cela soit possible”. Julie, 31 ans, est également étonnée par l’arrivée au sein de sa promotion de cet homme de 26 ans condamné pour agressions sexuelles, et qui se destine à une carrière de médecin. “C’est vraiment inquiétant qu’en 2024, rien ne soit fait pour protéger les futurs patients ou patientes”, soupire-t-elle.
Le syndicat CGT Hospitalier a été le premier à condamner cette affectation. Pauline Salingue dénonce le deux poids, deux mesures: “Les infirmières, les aides-soignantes, les ouvriers, etc, tous les personnels à l’hôpital, s’ils ont un casier judiciaire, ils ne peuvent pas travailler à l’hôpital. Ils ne sont pas embauchés, et s’ils en ont un en cours de route, ils sont renvoyés de l’hôpital…”
Le Doyen-directeur de la faculté de médecine a pris connaissance de cette affectation en milieu de semaine dernière. Pour le professeur Thomas Geeraerts, impossible de s’y opposer.
“Actuellement, il n’y a aucun cadre légal qui nous interdit son exercice au CHU de Toulouse. À notre connaissance, le juge n’a pas émis de restriction sur son activité professionnelle”, conclut ce dernier.
S’il effectue son internat au service de radiologie, les soignants ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils feraient jouer leur droit de retrait.