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Suicide de Lucas: pour sa mère, "le harcèlement a été l'élément déclencheur"

La mère de Lucas, le collégien de 13 ans cible de harcèlement qui s'est pendu il y a deux semaines, a estimé ce lundi que c'est bien ce harcèlement qui l'avait poussé au suicide, soulignant également que l'équipe pédagogique n'en avait pas assez fait.

La mère de Lucas, le jeune collégien qui s'est suicidé il y a deux semaines à Golbey, dans les Vosges, a assuré ce lundi que la mort de son fils était due au harcèlement subi en raison de son homosexualité.

"Pour moi, c'est le harcèlement qui a été l'élément déclencheur", a déclaré la mère de l'enfant de 13 ans à l'occasion d'une conférence de presse à Epinal aux côtés de son avocate, Me Catherine Faivre. La mère de Lucas a également estimé que le corps enseignant "aurait pu faire plus" et que certaines choses "n'ont pas été faites".

Quatre collégiens, deux filles et deux garçons de 13 ans, scolarisés dans le même établissement que Lucas, seront jugés au printemps, soupçonnés de l'avoir harcelé et poussé au suicide, avait annoncé vendredi le procureur de la République Frédéric Nahon. Les quatre adolescents doivent être "jugés pour harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide, l'enquête ayant établis que le harcèlement avait pu participer au passage à l'acte", avait expliqué le procureur.

"Il faut punir"

Placés en garde à vue en milieu de semaine, ils avaient admis s'être moqués à plusieurs reprises de leur camarade depuis la dernière rentrée. Avant le procès, ils "feront l’objet d’une évaluation par la protection judiciaire de la jeunesse". Ils encourent jusqu'à 10 ans de prison conformément à une nouvelle loi de mars 2022 qui fait du harcèlement scolaire un délit pénal passible de prison.

"Je suis choqué qu'on se pose la question de punir ou non ces adolescents, on ne se poserait pas la question pour des adultes", estime ce lundi sur le plateau d'"Estelle Midi" Hugo Martinez, président de l'association "Hugo!", au service des victimes de harcèlement scolaire. "Il faut comprendre pourquoi les harceleurs en sont arrivés là. Et il faut punir", poursuit-il. On ne va jamais endiguer le harcèlement scolaire c'est endémique à notre société, il y a un million de victimes chaque année", déplore Hugo Martinez.

"En justice, il ne faut jamais faire une affaire exemplaire, on juge par rapport aux faits et aux gens mise en cause", rappelle de son côté l'avocat Charles Consigny, dans "Les Grandes Gueules", qui déplore un fond d'homophobie persistant.

En octobre dernier, cinq jeunes avaient été condamnés à des peines allant de 2 à 4 mois de prison avec sursis, reconnus coupables d'avoir diffusé des photos dénudées de Juliette, une adolescente qui s'était suicidée en 2016.

G.D.