RMC
Transports

"C'est devenu du chantage": le Sénat fait un pas vers la limitation du droit de grève dans les transports

placeholder video
Le Sénat a adopté ce mercredi en commission un texte visant à limiter le droit de grève dans le domaine des transports, en sanctuarisant 30 journées dans l'année lors de moments clés comme les départs en vacances.

Faut-il encadrer le droit de grève dans les transports? Une proposition de loi du centriste Hervé Marseille en ce sens a été adoptée ce mercredi par le Sénat en commission. Son parcours législatif est encore long, il sera examiné dans l'hémicycle du palais du Luxembourg mardi prochain avant d'arriver à l'Assemblée.

Le texte prévoit notamment de sanctuariser 30 jours dans l'année (contre 60 dans la version initiale) pendant lesquels il serait interdit de faire grève aux heures de pointe. Ces jours sanctuarisés ne concerneraient que quatre types de périodes: vacances scolaires, jours fériés, élections et référendums ainsi que lors des "événements d'importance majeure sur le territoire français".

C'est une idée qui est revenue sur la table lors des vacances de février 2024, beaucoup de familles n'avaient alors pas pu prendre leur train pour partir en vacances et retrouver leurs proches.

A vous de nous dire : Limiter le droit de grève dans les transports ? - 04/04
A vous de nous dire : Limiter le droit de grève dans les transports ? - 04/04
7:26

"Si, comme les sénateurs, on pouvait s'augmenter tout seuls..."

Une idée qui scandalise la gauche dont le député LFI Alexis Corbière. "On a saigné pour le droit de grève. Il faut avoir un minimum de connaissance de l'histoire quand on est parlementaire et se souvenir que les conquêtes sociales. Aucun des gugusses au Sénat les a accordées gentiment, elles ont été arrachées par des luttes", juge-t-il.

Côté syndicats, on doute que le texte soit constitutionnel, et on prévoit déjà un bras de fer social à ce sujet.

"On serait dans un monde idéal où, comme les sénateurs, on voterait nous-mêmes nos augmentations de salaires, on n'aurait pas besoin du droit de grève", tacle Fabien Villedieu, secrétaire fédéral de Sud Rail.

"Une chose est sûre, s'il faut faire grève pour garder le droit de grève, on fera grève", résume-t-il.

Cheminot et également secrétaire fédéral de Sud Rail, Julien Troccaz estime qu'une telle limitation introduirait plus de "grèves sauvages" et de conflits sociaux encore plus forts.

"S'ils pensent que la colère sociale va s'arrêter en limitant le droit de grève, je pense que la droite parlementaire se trompe", juge-t-il.

Les invités du jour : Philippe Tabarot et Julien Troccaz - 04/04
Les invités du jour : Philippe Tabarot et Julien Troccaz - 04/04
8:38

"Ce droit de grève a été dévoyé"

Philippe Tabarot, sénateur (LR) des Alpes-Maritimes et rapporteur du texte adopté mercredi, entend surtout lutter contre le "détournement" du droit de grève à travers des préavis "dormants", sur de très longues durées.

"Le droit de grève est important pour nous", assure-t-il.

"Le dialogue social, bien sûr qu'on est pour, mais ce droit de grève a été dévoyé. Avant le droit de grève était le dernier recours. Aujourd'hui c'est devenu un préalable à toute discussion, souvent des rapports de force, et parfois c'est devenu pratiquement un chantage", regrette-t-il.

La balle est maintenant dans le camp des sénateurs qui voteront ou non ce texte mardi prochain, puis de l'Assemblée et du gouvernement qui reste pour le moment opposé à cette idée.

J.A.