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"On perd de l’argent": des infirmiers vont renoncer à se déplacer à cause du prix du carburant

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Face à l’augmentation des prix des carburants, des infirmiers libéraux vont devoir renoncer à se rendre chez certains patients, les plus éloignés.

Prendre le volant, faire des dizaines de kilomètres, c’est leur quotidien. Mais la hausse des prix des carburants les impacte de plus en plus, au point de menacer leurs déplacements. Des infirmiers libéraux vont devoir renoncer à visiter certains patients, ceux qui habitent le plus loin, selon Gaëlle Cannat, infirmière libérale à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) et co-présidente du collectif "Les infirmiers libéraux en colère".

"Il y a des gens chez lesquels on ne va plus pouvoir aller, parce qu’en fait on va devoir travailler à perte en allant chez eux, explique-t-elle dans ‘Apolline Matin’ ce mercredi sur RMC et RMC Story. Il suffit qu’ils soient suffisamment loin pour que pour nous, le soin ne devienne plus rentable. C’est une très grande source d’angoisse parce qu’on va laisser des gens sans soin. Se dire qu’en France, en 2023, on laisse des gens sans soin, c’est affreux, pour une infirmière."

"On a environ 60% de charges, qui ne cessent d’augmenter, ajoute-t-elle. Pour une injection intramusculaire, par exemple, on est à 7 euros brut et on va se retrouver en net avec 3 euros. Si l’essence ne cesse d’augmenter, on ne pourra plus faire ce trajet. Ce n’est pas le fait que ce soit rentable ou pas, c’est le fait qu’on perd de l’argent. Les gens l’entendent. Certains peuvent se déplacer jusqu’au cabinet, mais des personnes âgées ou pas mobiles ne peuvent pas."

Témoin RMC : Gaëlle Cannat - 27/09
Témoin RMC : Gaëlle Cannat - 27/09
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"Les 100 euros, ça me fait rire"

Sans la venue au domicile des infirmiers, l’accès à la santé risque donc de se compliquer encore pour certains habitants des zones rurales. "Les gens trouvent qu’ils ont de moins en moins de possibilités d’accès au soin. Pour les Français, ça devient douloureux, et pour nous aussi, souligne Gaëlle Cannat. Dans les déserts médicaux, il y avait encore des infirmiers libéraux qui pouvaient y aller. Et il va y avoir des déserts infirmiers. Avec toutes les augmentations qu’on est en train de subir, on a 56% des cabinets infirmiers qui veulent arrêter d’ici cinq ans. Donc il va y avoir un très, très gros problème."

Quant à la nouvelle aide carburant de 100 euros par an et par voiture pour les travailleurs aux revenus les plus faibles, annoncée par Emmanuel Macron, elle est loin de convaincre cette infirmière: "Ça me fait rire. Je crois qu’on ne doit pas être assez modestes… Même si on y avait droit, ce qui n’est pas le cas, moi je fais un plein par semaine, donc 100 euros, ça ne représente rien pour nous. C’est pour ça que je ris".

Chaque jour, elle devra encore et toujours régler la note, très salée, à la pompe. "Je me lève à 5h du matin, je ne vais courir dans tout le département pour trouver une pompe qui est moins chère, indique Gaëlle Cannat. On fait le plein là on peut, parce qu’on a des vies qui sont assez chargées quand même. On finit tard le soir, on bosse dur. Donc on va payer plus cher, c’est certain."

LP