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Carburant, inflation, immigration... Ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron

Le président de la République, Emmanuel Macron, le 24 septembre 2023

Le président de la République, Emmanuel Macron, le 24 septembre 2023 - BFMTV

Invité aux JT de 20 Heures de TF1 et France 2 ce dimanche soir, le président Emmanuel Macron a abordé de nombreux sujets: crise migratoire, inflation, pouvoir d’achat, Niger... Voici ce qu’il faut retenir.

En direct de l'Élysée, Emmanuel Macron s’est exprimé après une semaine "historique" où la France a reçu le roi du Royaume-Uni ainsi que le pape en pleine Coupe du monde de rugby.

À trois jours de la présentation du budget pour 2024 en Conseil des ministres, le président était attendu au tournant sur la question de l'inflation et du pouvoir d'achat, très sensible en cette rentrée.

Une nouvelle aide au carburant pour les plus modestes

Emmanuel Macron a annoncé dimanche une nouvelle aide pour compenser le prix élevé du carburant, "limitée aux travailleurs" et aux plus modestes, et qui pourrait atteindre "100 euros par voiture et par an". La mesure s'adressera "aux 50% de travailleurs les plus modestes", a-t-il précisé lors de l’interview sur TF1 et France 2.

"C'est pertinent, on n'aide pas les ménages qui n'en ont pas besoin et on n'aide pas les déplacements de confort", a-t-il ajouté, expliquant avoir demandé au gouvernement de mettre au point ce dispositif.

En revanche, il a annoncé qu'il n'y aurait plus de projet de loi autorisant la revente à perte des carburants, tel qu'annoncé par la Première ministre Elisabeth Borne, et que l'ensemble des distributeurs ont refusée.

La mesure "ne sera pas dans le texte" sur les mesures anti-inflation présenté mercredi en Conseil des ministres, "on la garde comme une menace", a-t-il assuré. La Première ministre "va rassembler tous les acteurs de la filière cette semaine et leur demander de faire à prix coûtant".

Le président de la République a par ailleurs annoncé que les "60 plus gros industriels de l'agroalimentaire" allaient être réunis autour d'une table de négociations afin de convenir d'un accord limitant leurs marges.

"On a des grands groupes qui ont fait flamber les prix de certaines de leurs marques et donc on veut les remettre autour de la table et passer plus vite la baisse des prix".

Sera donc mis en place un accord sur la modération des marges dans le secteur, avec des "contrôleurs" qui procèderont à des vérifications.

"Il est insupportable de voir tant de nos compatriotes devant choisir sur des biens essentiels, personne ne doit profiter de cette crise" a-t-il conclu sur le sujet.

Planification écologique

La France sortira du charbon d'ici à 2027, en convertissant ses deux dernières centrales, a déclaré le président, qui en revanche ne souhaite pas interdire les chaudières à gaz dans le cadre de la planification écologique.

Emmanuel Macron avait déjà promis de fermer toutes les centrales à charbon, combustible extrêmement nocif pour le climat, d'ici la fin de son quinquennat. Pour ce qui est des chaudières à gaz, "on n'interdira pas".

"On n'interdira pas l'installation de chaudières à gaz neuves, parce qu'on ne peut pas laisser nos compatriotes, en particulier dans les zones les plus rurales, sans solution", a-t-il expliqué.

Mais le chef de l'État a aussi plaidé pour "accompagner les ménages pour s'équiper de pompes à chaleur, parce que les pompes à chaleur, c'est intelligent, ça fait des économies d'énergie et ça réduit très fortement les émissions".

Crise migratoire et réponse au Pape

Le Président a également estimé que la France faisait "sa part" en matière d'accueil de migrants, en réponse au pape François qui avait eu ces derniers jours à Marseille des mots très durs sur ce sujet à l'égard des dirigeants européens.

"On ne peut pas accueillir toute la misère du monde", a-t-il ajouté en reprenant la phrase célèbre de l'ex-Premier ministre socialiste Michel Rocard.

Réagissant à la vague d'arrivées massives de migrants sur l'île de Lampedusa la semaine dernière, Macron a appelé à "ne pas laisser les Italiens seuls", se faisant le promoteur d'une réponse européenne pour "une approche cohérente avec les pays d'origine et les pays de transit".

Sur le plan intérieur, le chef d’État a plaidé pour que le projet de loi immigration, qui sera examiné début novembre au Sénat, fasse l'objet d'un "compromis intelligent" en particulier sur le sujet controversé des régularisations de sans-papiers pour les métiers en tension.

"Il ne faut pas être hypocrite, il y a en effet des métiers en tension qui embauchent beaucoup de femmes et d'hommes qui viennent de l'immigration et qui sont souvent en situation précaire depuis plusieurs années. Il n'y a pas de droit inconditionnel à la régularisation. Il y en aura jamais".

Niger et Arménie

A été annoncé le retour "dans les prochaines heures" de l'ambassadeur français à Niamey, et le départ des troupes françaises d'ici la fin de l'année, à l'issue d'un bras de fer de deux mois avec la junte nigérienne.

Le président français s’inquiète également d'une possible offensive militaire de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie, soulignant que Bakou "menace" la frontière commune et "l'intégrité territoriale" de ce pays. "La France est très vigilante à l'intégrité territoriale de l'Arménie, car c'est ça qui se joue", a-t-il déclaré.

"On a aujourd'hui une Russie qui est complice de l'Azerbaïdjan, une Turquie qui a toujours été en soutien de ces manœuvres, et un pouvoir qui est désinhibé et qui menace la frontière de l'Arménie", poursuit-il, après la victoire éclair de Bakou contre les séparatistes du Nagorny Karabakh, un territoire en majorité peuplé d'Arméniens.
CA avec AFP