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Opérations escargot, blocages, revendications: ce qu'il faut savoir de la mobilisation des VTC

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Mobilisation des chauffeurs VTC qui se réunissent ce mardi pour dénoncer l'ouverture du métier. Des opérations escargot sont prévues dans la plupart des grandes villes. Fabian Tosolini, délégué syndical, demande un rééquilibrage du métier sur RMC.

Après les taxis, les VTC se mobilisent à partir d'aujourd'hui dans la plupart des grandes villes de France, pour protester contre "la dégradation de leurs conditions de travail". Principale revendication de l'intersyndicale, qui réunit les 4 organisations représentatives des chauffeurs: un gel immédiat des examens VTC pour restreindre l'accès à la profession. Elle n'est pas assez régulée à leurs yeux, ce qui "alimente la précarité et tire tous les revenus vers le bas".

Une demande de longue date, entendue par le ministre chargé des Transports, Philippe Tabarot, qui annonçait lundi dernier étudier la possibilité de décréter un moratoire sur le nombre de VTC. "Aujourd'hui, il semblerait que personne ne soit capable de dire combien de VTC exercent car on n'a pas la transparence nécessaire des plateformes" (comme Uber ou Bolt), indiquait-il.

RMC vous révèle ce mardi que ce chiffre s'envole. Selon des chiffres officiels, il y a vait 77.600 chauffeurs VTC actifs, recensés sur les plateformes comme Uber ou Bolt l'année dernière

Opérations escargot

Pour dénoncer ce phénomène, au programme notamment, des opérations escargots menées par les VTC. Dès ce mardi matin, les VTC de Lyon, Montpellier, Lille, Rennes, Strasbourg ou encore Nantes vont rejoindre à vitesse réduite les aéroports de ces différentes villes, où la circulation devrait être très perturbée.

Fabian Tosolini, délégué du syndicat de VTC Union Indépendants, le confirme, "les mobilisations vont être diverses en fonction des territoires".

"Une mobilisation de l'ensemble des VTC pour demander au gouvernement de mettre en place le moratoire et gel des examens pour sauver la viabilité économique de nos entreprises", justifie-t-il.

À Paris notamment, plusieurs centaines de VTC sont attendus ce matin dans le 8e arrondissement, devant la Chambre de métiers et de l'artisanat, un lieu symbolique pour ces chauffeurs, car c'est ici que se déroulent les examens. Ces mobilisations de VTC se poursuivront mercredi, à Marseille, Nice, ou encore Toulouse.

À Bordeaux, après l'aéroport, les chauffeurs VTC ont aussi prévu une halte au Haillan, petite commune de Gironde, devant les locaux de la plateforme Uber, où ils prévoient un blocage. 500 à 600 chauffeurs vont se retrouver à 10 heures ce mardi matin, le convoi doit emprunter la rocade jusqu'aux bureaux d'Uber. Un blocage est aussi prévu devant l'aéroport de Mérignac.

"Métier trop ouvert"

Des chauffeurs qui demandent notamment le blocage des recrutements. Cela fait 10 ans que Rachid est chauffeur VTC, et 10 ans qu’il voit la concurrence s’intensifier: "Sur Bordeaux, il y a au minimum 100/200 chauffeurs qui arrivent tous les mois, c'est énorme. C'est comme un gâteau partagé en plusieurs parts, autrefois il était partagé en 100, maintenant en 300".

"Notre chiffre d'affaires, au lieu de le faire en 8 heures, on le fait en 12 à 15 heures", s'indigne-t-il.

Et ça, c’est de la faute des plateformes comme Uber ou Bolt pour Zohir: "Je vais passer à autre chose, j'en ai marre de faire 105 heures par semaine. A l'époque, j'ai payé 2.000 euros pour faire une formation de VTC". C’est désormais 20 euros via les plateformes, incompréhensible pour ce chauffeur. "L'ouverture à ces formations à 20 euros, ça fait que maintenant ça passe d'un métier à plein temps à un métier qui devient complémentaire. Un gars peut aussi être coiffeur, dans la restauration, serveur etc. C'est un métier qui est trop ouvert maintenant. Et ça pose problème", réagit-il.

Arbitrage

Pour le délégué syndical Fabian Tosolini, depuis 10 ans, les plateformes n'ont "cessé d'organiser un déséquilibre à leur profit". Un déséquilibre qui a poussé les entrepreneurs à une "précarité permanente", et à des "organisations de travailleurs par des gestionnaires de flotte qui ne respectent pas les règles sociales et fiscales".

"Les plateformes ont mis en oeuvre un afflux permanent et massif de nouveaux chauffeurs, on a un secteur qui s'est développé sur un modèle économique qui précarise le travailleur indépendant ou salarié", poursuit-il.

Cet état des lieux a poussé le ministre des Transports à lancer une inspection, "mais pour ça, il faut une décision interministérielle, un arbitrage".

Un gel des examens

Alors en attendant, ils se mobilisent, avec un mot d'ordre: restreindre cet accès à la profession, explique Eric Arnal, représentant syndical Forces Ouvrière VTC Bordeaux: "Il faut absolument un gel des examens, complet, mais vraiment un gel".

"Il faut que ce soit l'Etat qui prenne la main dessus", martèle le chauffeur.

Fabian Tosolini confirme: "on demande depuis longtemps une simple adaptation du nombre de VTC en fonction du chiffre d’affaires annuel des plateformes". Un "rééquilibrage", en faveur des VTC, car "on a un nombre de VTC en croissance démesurée par rapport à celle des plateformes".

Les syndicats demandent également un encadrement des prix pour faire face à la pression des plateformes.

Du côté des taxis, le rendez-vous est donné cet après-midi à Paris. Des milliers de taxis venus de partout en France sont attendus dès 15h du côté de Bercy pour les prémices de cette mobilisation, qui débutera réellement dès 6h mercredi matin, avec le blocage des aéroports de la capitale. D'autres sont attendus ce mardi également au Ministère de la Santé, pour poursuivre leurs discussions.

SG avec Ameline Lavechin et Pierre Bourgès