Pourquoi un radar dégradé peut quand même mesurer votre vitesse

Recouvrir les radars de sac-poubelles ne les empêcherait pas de calculer la vitesse d’un véhicule. En effet, mardi sur RMC, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner indiquait que les radars "bâchés" par les "gilets jaunes" ont constaté une forte augmentation des excès de vitesse.
"Certains sont juste bâchés et donc on a à la fois la photographie qui ne peut plus se faire, mais on a toujours le radar qui permet d’enregistrer la vitesse de passage des véhicules. Sur ces radars-là, on a constaté une augmentation de 268% des infractions, même si elles ne sont pas formalisées par un PV", expliquait le ministre de l’Intérieur.
Comment est-ce possible? Les radars utilisent le principe de ce qu’on appelle l’effet "Doppler-Fizeau" pour mesurer la vitesse même si la caméra est inutilisable. Ils émettent une onde continue qui est réfléchie par toute cible étant dans la direction pointée. Cette onde réfléchie possède une fréquence différente de celle émise.
Plus la fréquence est grande plus les véhicules se rapproche du radar, et plus elle est petite, plus ils s’en éloignent. Une théorie dont on se rend bien compte au passage d’un train ou d’une Formule 1: c’est aigu quand ça s’approche, et ça devient plus grave en s’éloignant. En mesurant la différence de fréquence entre l’onde émise et celle réfléchie par les véhicules, on peut calculer la vitesse de la cible.
Des mesures très précises
Une théorie qui n’est pas connue de tous comme le concède Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière. "Je me la suis fait expliquer avant de venir chez vous, monsieur Bourdin", confie-t-il.
Il indique qu’il y a plusieurs techniques pour calculer la vitesse. Mais toutes n’ont qu’un seul objectif: "être extrêmement précises puisqu’on fait des contraventions avec ces mesures, donc il faut que se soit précis", affirme-t-il.
"Quand en sécurité routière, on envoie un PV en disant, 'on vous a flashé à 86, on retient 81'. Mais nos radars sont tellement précis que c’est toujours 86. Ce sont les termes de l’homologation qui nous oblige à maintenir ça", précise-t-il.
Selon le délégué interministériel, depuis mi-novembre, soit au début du mouvement des "gilets jaunes", on constate un effet de la dégradation c'est-à-dire que les automobilistes passent beaucoup plus vite devant les radars.