On estime à 60 morts le nombre de morts liés à la dégradation des radars
"Ceux qui ont détruit des radars portent le poids de ces morts": invité de RMC, mercredi matin, Emmanuel Barbe a eu des mots particulièrement durs quant aux dégradations des radars sur les routes de France, depuis le début de la crise des "gilets jaunes". Au total, depuis mi-novembre, le ministère de l'Intérieur indique une augmentation de 268% des infractions, même si elles ne sont pas formalisées par des PV.
Revenant sur le nombre de morts sur les routes historiquement bas, en 2018, avec 3.259 tués, dont 116 vies épargnées sur les routes secondaires abaissées à 80 km/h au 1er juillet selon Edouard Philippe, Emmanuel Barbe a indiqué qu'il existe une "corrélation assez flagrante" entre la destruction ou la dégradation des radars depuis le mois de novembre et une hausse des morts sur les routes: "On estime à une soixantaine de morts le nombre de morts liés à la dégradation des radars" a-t-il expliqué à Jean-Jacques Bourdin.
"Les gens passent devant des radars beaucoup plus vite. Celui-ci flashe, nous indique la vitesse mais envoie une photo noire. Il ne peut donc pas y avoir d'amende. Ce qui affligeant, ce sont les constatations que l'on peut faire des courbes: on voit une baisse très forte de la mortalité avec l'entrée en vigueur du 80km/h, qui est très visible et très logique, et qui remonte exactement à la même date que le début des dégradations des radars" précise Emmanuel Barbe. Selon le ministère de l'Intérieur, 60% du parc radars a été détérioré ou détruit.
"La courbe est stupéfiante. Elle baisse et dès le 15 novembre, quand on constate cet effet de "sur-vitesse" sur les radars bâchés, la mortalité sur les routes commence à remonter" précisant que les chiffres de la Sécurité routière pour le mois de janvier ne seront "pas terribles".
Emmanuel Barbe a ainsi repris les calculs de l'Observatoire national interministériel de sécurité routière, qui indiquent que sans ces dégradations, 60 vies supplémentaires auraient pu être épargnées entre novembre et décembre (30 chaque mois). "La corrélation sur les courbe est tellement évidente. Il y a un lien mathématique entre les vitesses moyennes sur les routes et le nombre de morts. Ceux qui ont détruit des radars portent le poids de ces morts" a-t-il expliqué.
"C'est la preuve par le sang: c'est comme si on voulait casser l'aiguille du vaccin parce qu'elle fait mal. C'est désagréable d'être flashé: vous l'avez été, je l'ai été, tout le monde. C'est pénible. Mais en attendant, ça sauve des vies. Et quand il n'y en a plus, ça recommence à tuer. C'est quand même affligeant. Ne vous réjouissez pas de voir un radar bâché: ça tue" a enfin conclu Emmanuel Barbe sur RMC.