Révisions, entretiens, réparations, carburants: la voiture est-elle devenue un produit de luxe?

Une nouvelle enquête montre que de plus en plus de Français estiment que la voiture est un luxe, dont la plupart ne peuvent se passer.

Révisions, entretiens, réparations... Posséder une voiture coûte très cher. Trop cher? Selon une enquête OpinionWay pour Aramis Auto publiée ce mercredi, trois Français sur quatre perçoivent la voiture comme un luxe, mais un luxe nécessaire, et ont donc adopté des mesures pour rendre compatible leur pouvoir d'achat et leur besoin automobile. Selon cette étude, sept Français sur dix ne font plus entretenir leur voiture tous les ans, 15% décalent les réparations ou entretiens non-urgents, et 14% font les réparations eux-mêmes.

S’ils devaient acheter un nouveau véhicule, les conducteurs déclarent en moyenne qu’ils pourraient y consacrer 360 euros par mois. Mais cette moyenne masque des disparités importantes en termes de moyens: un Français sur quatre ne pourrait pas dépenser plus de 100 euros par mois.

Système D et bouche à oreille

Face à ce gouffre financier, beaucoup de Français s'adaptent pour entretenir leur véhicule. A Toulouse, Georges-Louis n’a pas l’intention de changer les pneus de son véhicule utilitaire, 190.000 km au compteur. Le charcutier a d’autres priorités.

"Faut payer les taxes, les impôts, et tout le reste d'abord! La voiture, ça passe après, détaille-t-il. Les policiers m'ont arrêté pour me dire qu'ils étaient nazes, mes pneus, mais je ne peux pas les changer."

Pour Laïd, pas question d’attendre, mais lui fait appel à des amis pour faire des économies sur l’entretien: "La vidange, elle nous coûte 60 balles, ou 70 balles. Avec le bouche à oreille, on trouve à 30 balles", explique-t-il.

Et puis, comme 14% des automobilistes, Jean-Louis essaie de réparer sa voiture tout seul: "C'est pas évident, je suis pas du métier, mais j'ai des mains en or, on peut dire", s'auto-congratule-t-il.

Débrouille et procrastination: dangereux et plus coûteux au final?

Romuald, auditeur RMC et routier dans le Nord, a témoigné dans Apolline Matin ce mercredi pour expliquer qu'à cause des tarifs, il retarde un entretien mécanique. "J'entretiens comme je peux. Je retarde depuis plusieurs mois et ça s'aggrave", souffle-t-il.

"Je croise les doigts pour que j'arrive à bon port à chaque fois", explique-t-il, regrettant que des réparations lui aient déjà coûté son budget vacances.

Car le système D, ces petites économies, ne sont parfois pas sans risque, explique Dan Baron, du garage auto Saint-Cyprien à Toulouse.

"On peut changer ses enjoliveurs, ses tapis... Mais quand ça vient au moteur, à l'entretien, il peut y avoir de lourdes conséquences sur une casse moteur ou les freins. Pour une question de sécurité, il ne faut pas toucher", plaide-t-il.

Et pour le garagiste, "la petite économie du départ peut surtout se transformer en dépense très importante… et urgente".

Lechypre d’affaires : Voiture, un produit de luxe, plus que jamais ! - 25/09

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La précarité automobile concerne 15 millions de Français

Les Français tentent-ils donc de trouver d'autres moyens de transport? L’électrique n’est en tout cas pas considéré comme la solution: seul un Français sur dix serait prêt à acheter un modèle à batterie s’il devait changer de voiture. Si le leasing social à 100 euros par mois a été un succès, les doutes persistent sur son avenir et la possibilité d’y accéder, et les incitations au co-voiturage n’ont pas convaincu. Conséquence: la précarité mobilité frappe désormais 15 millions de Français, presque 2 millions de plus qu’il y a deux ans.

Jean-Wilfrid Forquès avec J.A. et E.L.