SNCF: la stratégie de développement international agace au sein-même de la compagnie ferroviaire

Avec 1,6 milliard d'euros de bénéfices, la SNCF affiche une bonne santé financière. A un point tel que l'entreprise souhaite se développer à l'international et devenir un géant du transport en Europe. Après s'être implantée en Espagne avec Ouigo, elle réfléchit à s’attaquer au marché italien.
Sauf que ces choix ne plaisent pas à tout le monde : la France manque de trains, en raison notamment des 2 ans de retard de la livraison des 115 nouveaux TGV.
"Si vous trouvez qu’on manque de rames, vous n’avez qu’à interroger la direction sur les 14 qu’elle fait rouler en Espagne", s’agace un acteur du projet.
D’autant que sur ces 115 nouveaux TGV qui seront livrés au compte-goutte dès le début de l'année prochaine et jusqu’en 2030, 15 seront aiguillés vers l’étranger. Ce qui provoque la colère de certains.
"C’est normal que la compagnie aille chercher du chiffre d'affaires à l'international, mais pas au détriment du voyageur français”, indique François Delétraz, président de la Fédération nationale des usagers des transports.
Une stratégie qui divise
Ce sentiment est partagé par la toute puissante Compagnie des Alpes, propriétaire des plus grandes stations de ski des Alpes, un autre partenaire de la SNCF. Elle milite en vain pour augmenter la fréquence des trains qui desservent les pistes en hiver. "La SNCF ne joue pas le jeu", tacle son directeur général, Dominique Thillaud par ailleurs ancien cadre dirigeant de la SNCF, qui estime que la compagnie préfère "proposer des billets à 9 euros en Espagne".
Une stratégie assumée par le patron de la SNCF Jean-Pierre Farandou qui affirme que "l'argent gagné à l'étranger reviendra en France". Sauf que pour l'instant, la branche espagnole est déficitaire et a perdu plus de 100 millions d'euros en 4 ans. "Si ces rames étaient utilisées en France, elles pourraient rapporter beaucoup et améliorer l'offre de service", observe le responsable syndical SudRail Fabien Villedieu.
Mais Ouigo Espana fera des bénéfices cette année, promet la SNCF, qui espère enfin gagner son pari.