Une hôtesse de l'air porte plainte contre Air France après une agression sexuelle présumée
Nouvelles révélations sur une affaire d'agression sexuelle à Air France, après les témoignages de plusieurs hôtesses de l'air recueillis par RMC au mois de mai. Julie (*), une hôtesse de l’air d’Air France, a décidé de porter plainte, alors qu’Air France a tenté de la pousser à ne pas le faire. Cette jeune hôtesse, tout juste embauchée, affirme avoir été victime d'une agression sexuelle pendant une escale. Un soir de Noël en 2019, à Moscou, le commandant de bord organise une soirée avec l'équipage dans sa chambre. Julie accepte l'invitation, sans imaginer une seconde ce qui l'attend... Elle affirme qu'un des stewards se jette sur elle.
"Dès que je suis rentrée dans la chambre, il m'a attrapée par le bras et il m’a jetée sur le canapé, raconte-t-elle au micro de RMC. Et là, il m'a touché le corps un peu partout. Je l'ai repoussé, j’ai commencé à me protéger avec les coussins, à en mettre un peu partout sur mon corps pour qu'il ne me touche plus. Mais il se rapprochait de moi, il me touchait les jambes, la poitrine... Donc je lui disais encore d'arrêter. Le commandant de bord, à un moment, m'a entendue et il a dit: "Mais si, mais vas-y, mais touche-là". Et là, je n'en pouvais plus, je l'ai repoussé et je lui ai dit: "Arrête de me toucher, ne me touche plus !". Je suis partie rejoindre ma chambre, il m'a suivie dans le couloir donc quand je suis arrivée dans ma chambre, je me suis barricadée avec mes valises. J'avais peur. C'était une agression."
Une lettre d’excuses à signer pour s’engager à ne pas porter plainte
Au retour de Moscou, Julie demande à parler à sa hiérarchie. Une rencontre est organisée avec la direction et le référent harcèlement. On lui demande de relater les faits, comment les choses se sont passées, comment elle était habillée, ce qui l'a énormément déstabilisée. Puis, elle est re-convoquée. Trois semaines plus tard, un responsable des ressources humaines lui remet en main propre une lettre d'excuses du steward. Une lettre dans laquelle ce dernier explique avoir trop bu ce soir-là, qu'il était fatigué, aussi, et qu'il n'a "pas pris conscience de la portée de ses gestes". Le responsable des ressources humaines d'Air France fait lire la lettre à Julie et lui demande ensuite de s'engager par écrit à ne pas porter plainte... Ni contre lui, ni contre la compagnie.


"Je l'ai signée, même si en l'écrivant je me suis dit ‘mais qu'est-ce que je fais ?’, explique Julie. Je ne me suis pas rendue compte dans quel état ça allait me mener plus tard... Ça peut paraitre juste un papier, mais ça m'a mise dans un état psychologique assez grave parce que je me suis dit que je pouvais plus rien faire... Je pense que c’était le rôle de l’entreprise de me dire ‘oui c’est grave et oui on va les sanctionner’. Ils auraient dû me dire que j'avais le temps, de prendre le temps de me remette de ça, prendre le temps de porter plainte. Je ne me suis pas senti protégée. On ne m'a pas fait comprendre que c'était grave."
Que répond Air France ? Evidemment, nous avons interrogé la compagnie aérienne sur ce courrier, mais nous avons essuyé un refus d'Air France de communiquer sur un dossier individuel. La compagnie nous a simplement indiqué être au contraire dans une démarche d'accompagnement de la parole et avoir rappelé les règles en interne depuis le reportage de RMC en mai. Mais Julie, elle, a pris sa décision après avoir consulté un avocat. Elle va attaquer en justice le steward à l'origine de l'agression, mais aussi Air France. Pour, dit-elle, que ça n'arrive plus jamais.
(*) Le prénom a été modifié