Entretiens, rencards: Cluely, l'application qui permet de "tricher sur tout" et qui fait polémique

Une nouvelle application promet à ses utilisateurs de "tricher sur tout" grâce à une IA. Cluely, c'est le nom de cette intelligence artificielle que son créateur veut faire rentrer dans le commun des mortels.

C'est une appli qui fait le buzz depuis quelques jours. Elle s’appelle Cluely, elle est américaine et cette IA permet de tricher, notamment pendant les entretiens d’embauche.

Plus précisément de "tricher sur tout". C’est la promesse de cette startup, et elle l’assume complétement: entretiens d’embauche, examens, appels commerciaux et même rencontres sur internet! Car grâce à cette IA, on peut faire croire à son interlocuteur qu’on est brillant en toutes circonstances, puisqu’elle va nous donner toutes les bonnes réponses en temps réel.

Indétectable, vraiment?

Imaginez un entretien d’embauche en visio comme ça se fait de plus en plus. Devant votre ordinateur, webcam allumée, cet outil prend la forme d’une fenêtre cachée dans votre navigateur internet dans laquelle une IA va venir afficher les réponses aux questions que l’on vous pose, en temps, réel. Le recruteur a l’impression de discuter avec vous et de vous évaluer, en fait il parle avec l’IA, qui vous souffle à l’oreille, ou plutôt à l’écran, toutes les réponses les plus pertinentes.

Sachant que l’outil fonctionne même quand vous êtes en mode partage d’écran, un point clé puisque c’est souvent ce qu’on va vous demander pour éviter la triche. Par exemple dans le cas d’un examen à distance, ce qui est de plus en plus courant depuis le Covid. L’entreprise se vante d’avoir mis au point un outil complétement indétectable et qui permet de tricher partout, tout le temps, sur tout. Ça fonctionne très bien, ça coûte 15 euros par mois environ (mais c'est en anglais seulement pour l’instant).

On n'arrête pas le progrès : IA, un outil pour tricher aux entretiens d'embauche - 07/05

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Questions éthiques

Dans le cas d’un entretien d’embauche, il y a quand même à un moment une rencontre réelle. Et là on ne peut plus tricher. Car pour l’instant, il faut un support pour afficher les informations de Cluely. Mais demain, cela pourrait très bien être une paire de lunettes.

C'est ce que semble vouloir développer la start-up. Dans la vidéo de promotion de Cluely, on voit le créateur de l'appli, Chungin Roy Lee, en plein rendez-vous galant au restaurant, et ses lunettes connectées, équipées de son IA, lui conseillent en temps réel quoi dire pour séduire la jeune femme qui se trouve en face de lui. Il la complimente sur ses œuvres d’art qu’il n’a jamais vu mais que l’IA va chercher sur internet.

Cluely soulève déjà de nombreuses questions éthiques. Beaucoup critiquent cette application en disant que c’est scandaleux d’autoriser ce genre d’outil. Cela met de nouveau dans la perspective d'un monde où la frontière entre le vrai et le faux devient de plus en plus floue. Et où on ne peut plus faire confiance aux gens à partir du moment où ils ne sont pas présents avec vous.

Cluely bientôt aussi commun qu'une simple calculatrice?

Le meilleur promoteur de cette innovation, c’est son créateur: Chungin "Roy" Lee a 21 ans, il a développé cet outil dans le cadre de ses études à Columbia. Et s’est fait renvoyer pour ça. La légende veut même qu’il ait obtenu un stage chez Amazon en trichant avec son propre outil.

Le côté sulfureux de son innovation lui donne un petit côté bad boy de la tech. Ce qui ne l’a pas empêché de lever 5 millions de dollars dans la foulée auprès d’investisseurs. De quoi alimenter le buzz autour de cette appli. Avec un argumentaire bien rôdé: pour lui il n’y a pas vraiment de problème éthique: "Le monde appellera ça tricher, lais on disait la même chose de la calculatrice, du correcteur orthographique ou de Google".

"À chaque fois que la technologie nous rend plus intelligents, le monde panique, ensuite il s’adapte et enfin il oublie", conclut Chungin "Roy" Lee.

Anthony Morel