RMC
Les Grandes Gueules

Affaire Legrand-Cohen/PS: "Ça me dérange qu'on fasse ça avec mon argent", déplore Barbara Lefebvre

placeholder video
Patrick Cohen et Thomas Legrand, deux journalistes de France Inter, ont été filmés en pleine discussion avec deux cadres du PS, leur assurant faire "ce qu'il faut" pour Rachida Dati, qui a la mairie de Paris dans le viseur. De nombreux responsables politiques ont dénoncé une "collusion". Ce lundi sur le plateau des Grandes Gueules, l'enseignante des GG Barbara Lefebvre déplore que tout cela se fasse avec de l'argent public.

Une collusion entre journalistes du service public et des cadres du PS? Patrick Cohen et Thomas Legrand, deux journalistes de la radio publique France Inter, ont été filmés échangeant avec deux responsables du PS, le secrétaire général du parti, Pierre Jouvet, et le président de son conseil national, Luc Broussy.

Au cours de cet échange, capté à leur insu, Thomas Legrand déclare notamment: "Nous, on fait ce qu'il faut pour Rachida Dati, Patrick (Cohen) et moi", laissant entendre qu'ils œuvreraient contre la candidate LR à la mairie de Paris. Dans la foulée, France Inter décidé de suspendre Thomas Legrand de l'antenne à titre conservatoire et la maire LR du 7e arrondissement a dénoncé "des propos graves et contraires à la déontologie".

De Jean-Luc Mélenchon à Jordan Bardella en passant par la principale intéressée Rachida Dati, de nombreuses voix ont vivement réagi, le premier évoquant une "vidéo consternante", le second "la partialité du service public".

"Qu'on tire les leçons de ce drame"

"La méthode est critiquable", abonde ce lundi sur RMC-BFMTV Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme. "Ces gens qui se sont proclamés les papes du journalisme se retrouvent coincés", ajoute-t-il rappelant l'exemple de Jean-François Achili, licencié de Radio France pour ne pas avoir révélé qu'il avait envisagé d'aider Jordan Bardella à écrire une potentielle biographie.

"Lui a été lynché et personne ne l'a défendu", assure Jean-Philippe Tanguy. "Mais là ça touche des gens de gauche et pleins de gens s'agitent. Il faut revenir aux principes avec les personnalités politiques d'un côté et les journalistes de l'autre"

"Qu'on tire les leçons de ce drame: s'il y a de l'argent public dans le service public, il faut qu'il y ait neutralité", insiste-t-il.

France Inter "la ligne de la bienpensance"

Même son de cloche sur le plateau des Grandes Gueules ce lundi: "Ce n'est pas une découverte que Thomas Legrand et Patrick Cohen soient de gauche mais il faut une subjectivité honnête et une honnêteté intellectuelle", estime l'enseignante Barbara Lefebvre.

"Sur France Inter, on écoute la ligne de la bienpensance, pourquoi pas, mais ce qui me dérange, c'est que c'est fait avec mon argent", ajoute-t-elle.
Affaire Legrand-Cohen : l'audiovisuel public est-il de gauche ? - 08/09
Affaire Legrand-Cohen : l'audiovisuel public est-il de gauche ? - 08/09
17:02

Vers une plainte des deux journalistes?

L'avocat Charles Consigny estime qu'il s'agit de "légitime information du public": "C'est l'arroseur arrosé qui fait de la politique sur fonds publics et est persuadé qu'il œuvre pour le bien. C'est aussi de la propagande politique", ajoute-t-il, "ils sont pris les doigts dans le pot de confiture".

Pour le cheminot et syndicaliste Bruno Poncet, l'équilibre du service public est respecté: "C'est l'audiovisuel public qui a fait un super film sur Amélie Oudéa-Castéra (ex-ministre du Sport pendant les JO de Paris après un passage à l'Education nationale) qui n'est pas de gauche".

De leur côté, les journalistes évoquent un déjeuner à l'initiative des deux responsables du PS qui s'estimaient écorchés sur les ondes de France Inter et se défendent de tout complot, faisant part de leur intention de porter plainte.

G.D. avec AFP