Faut-il démanteler l'IGPN? "Je me méfie de l’autoévaluation des corporations" assure un ancien parlementaire
Après l'intervention musclée de policiers de la Bac lors du démantèlement d'un éphémère camp de migrants place de la République à Paris lundi soir, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin lui-même s'est dit choqué. Le "premier flic de France" a annoncé avoir reçu le rapport de la Préfecture de police de Paris sur l'intervention préconisant une saisie de l'IGPN. L'ancien maire de Tourcoing a ajouté avoir demandé un retour rapide le part de la police de polices.
Mais la saisie de l'IGPN ne convainc pas. De fait, l'IGPN ne convainc plus, accusée de corporatisme dans les rangs de l'aile gauche de la majorité. Le micro-parti Territoire de progrès, fondé par Gilles Savary un ancien député PS et qui compte dans ses rangs plusieurs ministres de gauche, veut refondre la police des polices.
"Ce pays est miné par les corporatistes et je me méfie de l’autoévaluation des corporations par elles-mêmes. SI l’on veut instaurer la confiance il faut un minimum d’impartialité au moins des institutions", explique Gilles Savary sur le plateau des "Grandes Gueules" ce mercredi.
"Il faut une instance qui soit insoupçonnable de conflit d’intérêt"
Alors l'ancien député aimerait voir une nouvelle instance indépendante qui ne serait pas composée exclusivement de policiers: "Ce serait une autorité institutionnelle, menée par des fonctionnaires à la retraite ou des fonctionnaires déjà existant", explique-t-il citant des exemples à l'étranger. "Certains pays comme la Grande-Bretagne ou le Danemark ont des autorités indépendantes", explique Gilles Savary qui plaide pour s'en inspirer sans pour autant exclure les policiers du processus.
"Il faut des professionnels du maintien de l’ordre, il ne faut pas une démagogie émotionnelle. Dès qu’on voit une matraque on pense à une agression alors qu’on ne fait pas de maintien de l’ordre avec des cotons-tiges. Je ne vois pas d’inconvénient à ce que des policiers, des anciens policiers même des policiers étrangers soient dans cette autorité mais aussi des magistrats et peut-être des universitaires. Il faut une instance qui soit insoupçonnable de conflit d’intérêt ", explique Gilles Savary.
Un manque de moyens et d'effectifs au sein de la police des polices?
Mais l'intégration de membres extérieurs au corps policier à l'IGPN fait grincer des dents: "Si on commence par la police Il faut généraliser alors, ce serait bien pour l’éducation nationale et l’ordre des médecins, il faudrait un collectif citoyen pour juger d’une erreur médicale", ironise Barbara Lefebvre.
"Il y a un peu moins de 300 agents à l'IGPN et la plupart n'ont même pas eu d'expérience en terme de maintien de l'ordre", rappelle-t-elle.
Pour David Dickens, c'est une question de moyens: "Pendant les mouvements des "gilets jaunes" on a vu que l'IGPN souffrait d'un manque de moyen et d'effectifs. Aujourd'hui on y renonce pour créer une nouvelle structure qui va servir à quoi ? Maintenons ce que nous avons décidé de faire, mettons les moyens et après avoir mis ces moyens faisons le bilan", plaide-t-il.
Concernant les événements de la Place de la République, les conclusions de l'IGPN, qui pourront s'appuyer sur la vidéo d'un croche-patte d'un policier à un migrant capté par RMC, devraient être rendues jeudi, 48h après la saisine de la police des polices.