Violences conjugales: pourquoi lever le secret médical pourrait être une fausse bonne idée
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a déclaré dimanche dernier dans le JDD être "favorable" à une levée du secret médical "notamment pour résoudre les situations dans lesquelles la victime ne peut pas saisir la justice, et si c'est une possibilité offerte au médecin".
"Il est nécessaire de dépasser le secret médical. Ça fait appel à l'éthique du médecin : s'il voit qu'une femme se fait massacrer, ça me choquerait qu'il ne le dise pas", précisé la ministre.
Mais cette solution à ce fléau ne convainc pas forcément l'ensemble du corps médical. Certains préconisent des alternatives, avec notamment plus de formations pour répondre et aider au mieux leurs patientes potentiellement victimes de violences conjugales.
"C'est le pilier de notre médecine. C'est ce qui soutient la relation de confiance et donne l'indépendance au médecin"
"Nous demandons que les médecins soient formés pour pouvoir interroger et accompagner les femmes, mais il ne s'agit en aucun cas de lever le secret médical", avait précisé à l'AFP le docteur Gilles Lazimi, médecin généraliste, professeur associé en médecine générale à Sorbonne-Université et militant associatif membre de SOS Femmes 93 et du Collectif féministe contre le viol.
"Le médecin doit accompagner la femme en respectant son choix, c'est elle qui doit porter plainte", souligne-t-il. "Lever le secret médical serait rompre le lien de confiance".
Le médecin généraliste Jérôme Marty a également évoqué le sujet ce mardi dans Les Grandes Gueules sur RMC. Il préconise également plus de formation mais surtout pas de lever le secret médical.
"Les choses n'avancent pas assez mais elles avancent. C'est certain. les médecins ne sont pas encore assez formés à ce problème gravissime dans notre société.
Mais face à tout problème complexe il y a toujours une solution simple, directe et fausse. Et lever le secret médical c'est cette fausse solution. C'est le pilier de notre médecine. C'est ce qui soutient la relation de confiance et donne l'indépendance au médecin qui sont donc doués de désobéissance. Le médecin ne doit pas trahir son patient."
Face à ces victimes potentielles qui ne vont pas forcément parler de ce problème spontanément, il faudrait selon lui que les médecins parviennent à mieux analyser le non-dit, les silences, rentrer dans l'empathie et parvenir avec cette relation de confiance à inciter ces personnes à porter plainte dans les cas nécessaires.