Boulangers, fleuristes... Les syndicats fustigent un texte qui veut "voler le 1er mai" aux salariés

Du muguet et du pain pour la Fête du Travail, le 1er mai. Le Sénat examine jeudi matin un texte porté par l'UDI et soutenu par le gouvernement pour permettre aux boulangers et aux fleuristes, notamment, de faire travailler leurs salariés le 1er-Mai, une initiative vilipendée par les syndicats et la gauche.
"Remettre en cause le principe de cette journée, c'est remettre en cause 100 ans d'histoire de lutte sociale", ont écrit la CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et la FSU. "Une proposition de loi dangereuse", estiment les organisations syndicales.
"Le volontariat en entreprise, ça n'existe pas"
"Ce qu'ils veulent faire, c'est nous voler un jour de congé. Ils veulent voler le 1er mai. C’est une journée symbolique. C’est aussi un moment très rare dans le pays : un moment de respiration", dénonce ce jeudi au micro de RMC Thomas Vacheron, secrétaire confédéral de la CGT.
"Le volontariat en entreprise, ça n'existe pas. On exécute les tâches de travail de son employeur, on ne décide pas de ce que l’on fait", poursuit-il, avant de prévenir: "On dit aux sénatrices et sénateurs de ne pas voter cette loi et on fera tout pour l'en empêcher, après."
"Inquiets que nos chefs d'entreprises soient considérés comme des délinquants"
Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie, avait exprimé en avril dernier, au micro de RMC, son souhait que les boulangers puissent faire travailler leurs employés lors de ce jour férié. Même son de cloche pour Farell Legendre, président de la Fédération française des artisans fleuristes: "Aujourd’hui, on est inquiets du fait que nos chefs d’entreprise soient considérés comme des délinquants", regrettait-il au micro de Charles Matin.
RMC apprenait auprès du ministère de l'Intérieur, quelques jours plus tard, que 18 boulangeries-pâtisseries et 4 pâtisseries, sur un total de 35.000 points de vente, avaient été contrôlées le 1er mai 2025.
Le texte centriste visait initialement à permettre aux établissements déjà autorisés à ouvrir le dimanche de pouvoir le faire le 1er-Mai. Mais en commission, il a été largement modifié ces derniers jours pour définir précisément le périmètre des commerces bénéficiant d'une dérogation uniquement pour la Fête du Travail.
"Commerces de bouche de proximité"
Parmi eux figurent les "commerces de bouche de proximité" (boulangeries, pâtisseries, boucheries... ), les activités répondant à un "usage traditionnel propre au 1er-Mai", comme les fleuristes, ou encore les établissements exerçant "une activité culturelle" comme les cinémas et les théâtres.
Ces derniers pourraient donc faire travailler leurs salariés, à condition qu'ils soient volontaires. Ils seraient alors payés double, comme les autres métiers concernés par ces dérogations.
"Pour stabiliser les choses et mettre fin au zèle de ces inspecteurs du travail, on n'a pas d'autre solution que de légiférer", explique le rapporteur Olivier Henno (UDI). "Si on ne faisait rien, on pourrait aboutir à l'aberration de voir des vendeurs de muguet à la sauvette exercer, alors que les fleuristes devront rester fermés dans cette journée très importante pour leur activité", décrit-il à l'AFP.
"Brèche ouverte dans le droit du travail"
La mesure offusque l'ensemble des groupes de gauche au Sénat: tous tenteront de faire rejeter le texte dans sa globalité, les communistes ayant même déposé une motion de rejet préalable.
"C'est une nouvelle brèche ouverte dans le droit du travail et dans la protection des salariés", s'indigne auprès de l'AFP la socialiste Monique Lubin, en colère face aux "coups de canif à répétition" portés selon elle aux avancées sociales.