Crise du logement: un plan "assez déceptif pour l’ensemble des professionnels"

Comment répondre à la crise du logement? Après les conclusions du Conseil national de la refondation dédié à cette thématique, Elisabeth Borne présentera de premières mesures techniques ce lundi à 17h30, pour faciliter l'accès au logement, mais sans annonce choc. Un plan jugé d’ores-et-déjà insuffisant. "Je crois qu’il est assez déceptif pour l’ensemble des professionnels de l’immobilier", estime Charles Marinakis, président de Century 21 France, dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story.
"Sur la partie PTZ (prêt à taux zéro), il y a deux manières de le voir, explique-t-il. Il y a quand même sa prorogation. Ce dispositif est étendu jusqu’en 2027. Malheureusement, comme souvent, le législateur encadre les processus et ils sont exclusifs. Là, on a sorti les maisons individuelles, vous ne pouvez plus avoir accès au prêt à taux zéro. En revanche, on a étendu les zones et on va étendre aussi les plafonds des conditions de ressources. On peut regretter qu’il disparaisse de la maison individuelle, qui est 50% de la production de logements neufs."
"Il y a la volonté de donner l’accès au logement, notamment pour permettre aux Français de devenir propriétaires, note également Charles Marinakis. Rappelons que seulement 58% des Français sont propriétaires de leur bien aujourd’hui, c’est 75% en Espagne. On a une marge de progression qui est colossale. Le sujet, c’est l’accès au financement, clairement. Dans le dispositif qui est proposé par le gouvernement aujourd’hui, je dirais ‘sous le soleil, rien de nouveau’."
"Selon les normes du haut conseil à la sécurité financière, vous ne pouvez pas emprunter plus de 35% de vos revenus, et Matignon dit qu’il serait plutôt enclin à déréguler cette mécanique-là. J’avoue que pour ma part, je n’y suis pas favorable, parce que la vocation de l’achat immobilier, ce n’est pas de se mettre dans la difficulté, mais dans le confort et le plaisir, ajoute le patron de Century 21 France. Les banques ont un régime dérogatoire où on dit qu’il y a 20% des dossiers où ils peuvent déroger. Mais là encore, les conditions de dérogation sont très restrictives. Je crois que c’est sur ce sujet-là qu’il faut travailler. Il faut laisser plus de liberté aux banques pour apprécier les 20% de foyers qui sont en capacité financière de déroger aux 35%."
"Ça me fait un peu rigoler, l'élargissement de la garantie Visale"
Soulignant les difficultés du secteur de la construction pour trouver des terrains, et les prix élevés, Charles Marinakis relève aussi que "comme d’habitude, il n’y a rien pour l’ancien". "On est un peu habitué à ça, ça fait des années que ce marché s’autorégule, poursuit-il. Rappeler d’abord que les agents immobiliers physiques représentent encore 70% des transactions. C’est vrai qu’on a été un peu vexé de voir le ministre aller faire l’apogée d’une plateforme de particulier à particulier, permettant soi-disant de mettre en rapport avec plus de facilité les bailleurs et les locataires. Je rappelle que sur notre site, le dossier locataires est mis à disposition gratuitement depuis 18 mois. Donc ce qu’on demande, c’est laissez-nous faire notre travail. On est des acteurs locaux engagés, on va faire le travail de régulation. On va aller dans le sens de l’histoire, comme on l’a fait depuis 25 ans."
Quant au marché locatif, il est coincé entre "les feux croisés des deux autres". "Il n’y a plus de logements et ça ne va pas s’arranger avec la disparition de Pinel, remarque Charles Marinakis. Il n’y a plus de logements neufs à vocation locative qui arrivent. Et comme il n’y a plus de logements, que les gens ont des difficultés à acheter, les gens, quand ils sont chez eux, ils y restent. Il y a beaucoup moins de vacances sur la partie location. Si vous ajoutez les logements classés F et G, le plafonnement des loyers, les contraintes de l’audit énergétique, etc., ce marché est très contrarié et extrêmement tendu aujourd’hui. Ça me fait un peu rigoler quand je vois dans les propositions du gouvernement, l’élargissement de la garantie Visale. Le sujet n’est pas la garantie, mais de trouver des logements. Les professionnels sont tous unis pour demander le statut du bailleur privé, qui permettrait de résoudre beaucoup de difficultés, notamment une amélioration de la fiscalité."