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Huîtres interdites à Arcachon: les producteurs demandent une indemnisation de 8 millions d’euros

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Privés de ventes pour le Nouvel an en raison d’intoxications alimentaires, les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon estiment leurs pertes à environ 8 millions d’euros. Ils envisagent de porter plainte s’ils ne sont pas indemnisés.

Le 28 décembre, les producteurs d’huîtres du bassin d’Arcachon se sont vus interdire, en pleine période de fêtes de fin d’année, la récolte et la vente d’huîtres jusqu’à nouvel ordre. En cause: une série d’intoxications alimentaires collectives.

Les ostréiculteurs, privés de ventes pour le Nouvel An, estiment leurs pertes à 8 millions d’euros et envisagent de porter plainte s’ils ne sont pas indemnisés en partie.

L’état du système d’assainissement mis en cause

En colère, les professionnels s’estiment victimes de la situation. “Aujourd’hui, c’est un sentiment d’injustice qui règne parmi nous”, a déclaré Olivier Laban, président du Comité régional de conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA), à l’issue d’une assemblée générale exceptionnelle des producteurs à Gujan-Mestras (Gironde), à l’AFP.

L'invité de Charles Matin : Les huîtres du bassin d'Arcachon interdites à la vente - 29/12
L'invité de Charles Matin : Les huîtres du bassin d'Arcachon interdites à la vente - 29/12
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Pour eux, la pollution des eaux a été causée par le système d’assainissement des rives du bassin. Des analyses ont révélé la présence de “norovirus”, responsable de la gastro-entérite, dans des élevages. Pour Philippe Le Gal, président du Comité national de conchyliculture, les systèmes d’épuration sont bel et bien le problème.

“Lorsqu’on va aux toilettes, tous ces excréments se retrouvent dans nos stations d’épuration et lorsqu’en même temps nous avons une forte pluviométrie - ce qui est arrivé avec les tempêtes - les stations débordent, ne sont pas en capacité de traiter les eaux usées et sont déversées dans les fleuves et les océans”, explique-t-il sur l’antenne de RMC.

En deux mois et demi, il a plu quelque 550 mm d’eau - soit 550 litres au mètre carré - sur la zone, contre 800 mm par an généralement, avance Olivier Laban, qui ne digère toujours pas l'annonce de l'interdiction des ventes.

“Autant on est capable d’accepter les conséquences des phénomènes naturels, ça fait partie des risques du métier, autant là (...) La décision d’interdiction qui a été prise est la bonne mais on a du mal à l’avaler car on n’y est pour rien, mes collègues et moi on a bien fait notre travail”, poursuit-il.

Entre 7 et 9 millions d’euros perdus

Les ostréiculteurs demandent aux communes et aux agglomérations de réaliser des travaux depuis plusieurs années pour que ce phénomène ne se reproduise pas. Ils pointent précisément du doigt les collectivités gestionnaires du réseau d'assainissement “qui a montré ses limites”, rappelle Olivier Laban.

Les ventes du Nouvel An auraient représenté quelque 800 tonnes d’huîtres, pour un chiffre d’affaires de 7 à 9 millions d’euros. Le CRCAA, qui doit rencontrer le préfet la semaine prochaine, se réserve le droit de porter plainte si “une solution concrète pour indemniser les entreprises sinistrées” n’était pas rapidement trouvée.

“Qui veut la paix, prépare la guerre”, lâche Olivier Laban. “Malheureusement, c’est comme ça que ça marche. On ne demande pas le remboursement de tout le chiffre d’affaires, uniquement de la marge brute perdue", car les huîtres remises dans les parcs seront bien vendues, une fois la qualité de l’eau rétablie.

Mélanie Hennebique (avec AFP)