L'Etat envisage de réduire les déductions d'impôts des dons associatifs: "Une folie", alerte le secteur

Faut-il moins défiscaliser les dons aux associations? C'est ce que préconise un rapport dirigé par l'Inspection générale des finances et l'Inspection générale de l'éducation du sport et de la recherche, remis en mai au gouvernement. Car le coût pour l'Etat a explosé: 49 milliards d'euros de fonds publics ont été versés au secteur associatif en 2023, en hausse de 44% sur quatre ans.
Pour y remédier, le rapport suggère donc de s'attaquer à la déduction d'impôts. Aujourd'hui un contribuable peut déduire de ses impôts 66% de ses dons, dans la limite de 20% de ses revenus. Mais le manque à gagner pour l'Etat est de plus en plus important: sur 4 ans il a augmenté de 23%.
C'est pourquoi le rapport préconise de supprimer le plafond actuel pour le faire passer à 2.000€ maximum de déduction, quel que soit le niveau de revenu.
Le secteur associatif en difficulté
Autre proposition du rapport: raboter la déduction d'impôt de 75% dont bénéficient les associations d'aide aux personnes, comme les Restos du cœur ou la Croix Rouge. La piste est de passer à 66%, comme les autres associations. Une mesure qui n'est pas privilégiée par les auteurs du document, car elle pourrait selon eux mettre à mal les finances de ces associations.
Quoi qu'il en soit, ces mesures inquiètent Christophe Robert, Délégué général de la Fondation pour le logement: "C'est facile de couper sur les associations, de baisser la fiscalité sur le don. Mais on a déjà eu des grosses baisses du secteur associatif et on est convaincu que baisser la fiscalité sur le don va réduire une partie de la capacité de certains donateurs", déplore-t-il au micro de RMC.
Bayrou hésiterait encore
Même son de cloche pour Pascal Brice, le président de la Fédération des acteurs de la solidarité: "Ce serait une folie que de toucher aux dons alors qu'il y a 10 millions de pauvres en France et que ce chiffre augmente", assure-t-il ce vendredi sur RMC Story. "C'est normal que le gouvernement cherche à faire des économies face au déficit et à la dette mais cela ne peut pas porter sur les associations qui sont déjà en grande difficulté", ajoute Pascal Brice qui a rencontré le Premier ministre François Bayrou ce jeudi.
Et le chef du gouvernement lui a assuré que la décision n'avait pas encore été prise: "Je pense qu'il a compris que ce n'était pas le moment", poursuit le président de la Fédération des acteurs de la solidarité. "Il y a de plus en plus de jeunes étudiants à la rue, des femmes avec des enfants qui se retrouvent aux distributions alimentaires et ce n'est pas le moment de réduire ces sources de financement", insiste-t-il.
Avec son plan de réduction des déductions d'impôts lors de dons aux associations, l'Etat espère faire 400 millions d'euros d'économie.