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Économie

Surproduction de vin: des aides à l'arrachage de vignes débloquées, mais jugées insuffisantes

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Être payé pour arracher ses vignes. C'est l'issue à laquelle vont devoir se résoudre des viticulteurs français, face à une surproduction qui ne permet plus de vendre le vin à des tarifs décents. Le ministère de l'Agriculture lance ce jeudi une grande consultation pour identifier le nombre de vignes qui pourraient être arrachées et pour quelles compensations financières.

Combien d'hectares de vignes seriez-vous prêts à arracher contre 2.500 ou 4.000 euros? C’est la question posée aux viticulteurs français, alors qu’une grande consultation a été lancée par le ministère de l'Agriculture. L'ensemble de la viticulture française est en souffrance, victime notamment d'une surproduction qui ne permet plus de vendre son vin à des tarifs décents.

Pour permettre aux agriculteurs de s'y retrouver, le gouvernement a donc débloqué des aides à l'arrachage de vignes. Mais pour que le dispositif d'aide soit efficace, il faut faire un état des lieux. D'où cette consultation lancée partout en France, avec comme objectif l'arrachage de 100.000 hectares sur tout le pays.

Dans l'Aude, les viticulteurs vont se prêter à l'exercice de l'arrachage. Mais les compensations proposées ne semblent pas satisfaisantes. Bernard Hernandez possède 21 hectares de muscat et de corbières à La Palme, au sud de Narbonne. Et il sait très bien qu'il va devoir arracher des vignes.

“Le plus gros crève-cœur, c’est d’arracher des parcelles qui sont historiquement depuis deux ou trois générations dans les familles. Et ce qui bloque le plus pour nous aujourd’hui, c’est qu’on est sur des secteurs à petits rendements. Nous n’arrivons pas à sortir des revenus par hectare qui permettent de faire vivre les exploitations”, indique-t-il.

"Loin du compte"

Alors, Bernard a déjà fait ses comptes. S'il perçoit le maximum, 4.000 euros pour 1 hectare arraché, il aura du mal à s'y retrouver financièrement. “Sept hectares multipliés par 4.000 euros d’indemnités, on serait sur 28.000 euros. Quand vous avez sorti les frais d’arrachages et d’entretien, on est loin du compte”, souligne-t-il.

Pas suffisant non plus pour Frédéric Rouanet, le président du syndicat des vignerons audois.

“Il y a des vignerons qui ont travaillé toute leur vie, et qui n’arrivent pas à vendre leur exploitation parce que ce n’est plus vendable face à la crise que nous vivons. Ça nous fait mal au cœur de les voir partir avec une si petite somme”, dénonce-t-il.

Il faudrait moins 8.000 euros par hectare arraché, selon Bernard le viticulteur de la Palme, “pour quitter le métier plus dignement”, dit-il.

Jean-Wilfrid Forquès avec Guillaume Descours