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"C'est dangereux": les artisans alertent sur la possible fin de la TVA réduite pour la rénovation

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Le gouvernement pourrait mettre fin à la TVA réduite pour les travaux de rénovation. L'exécutif entend ainsi faire des économies. Mais les artisans craignent de voir les commandes s'effondrer et le travail au noir augmenter.

Le gouvernement continue sa chasse aux économies. Parmi les pistes, pas question de mettre fin au coûteux SNU mais à la TVA réduite sur les travaux de rénovation, à l'exception de la rénovation énergétique. Aujourd'hui, la TVA est à 10% pour les travaux de rénovation du carrelage, de la plomberie, d'une salle de bain ou d'une cuisine. L'inspection générale des finances préconise de doubler le taux, pour passer à 20%.

La Cour des comptes estime que le coût de ce taux réduit pour les finances publiques est d'environ 4,3 milliards d'euros en 2023. Le dispositif a permis de créer des emplois et de la croissance mais "n'a fait l'objet d'aucune étude d'efficacité sérieuse" écrit l'institution.

De leur côté, les artisans grincent des dents. C'est le cas de Thierry Laureau, plombier chauffagiste de Saint-Cyr-L'Ecole (Yvelines), qui épluche ses derniers devis avec un air soucieux. En cas de hausse de la TVA, il sait très bien comment les clients vont réagir: "Sur un devis de salle de bains de 10.000 euros, on a aujourd'hui 1.000 euros de TVA. Si on passe à 20%, le client aura 2.000 euros de TVA. Les clients vont donc hésiter, reporter ou ne jamais les faire parce que ça sera trop cher".

"Le gouvernement ne veut pas faire d'économies"

D'après ses calculs, un quart de son activité serait menacé et ce représentant d'un réseau d'artisans d'Île-de-France redoute une dérive, la relance du travail au noir. "Nos clients vont nous proposer de payer en espèces et de faire du travail non-déclaré. On va être amené à refuser et ils se tourneront vers des entreprises qui acceptent, au détriment des entreprises et des emplois pérennes qui en découlent", prédit-il.

"C'est très dangereux pour notre filière car on est dans une décroissance forte de notre activité", déplore ce mercredi sur RMC et RMC Story Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, la confédération de l'artisanat et des entreprises du bâtiment.

"Le gouvernement ne veut pas faire des économies mais faire rentrer plus d'argent. Ce nouveau taux de TVA, cela représenterait 10 points de pouvoir d'achat (au-delà de l'inflation, ndlr) pour les particuliers et donc des chantiers en moins pour nous", ajoute-t-il.

Des devis en hausse de 15 à 30%?

"Ce n'est vraiment pas le moment pour une telle mesure", ajoute Jean-Christophe Repon qui rappelle que les prix des matériaux ont explosé ces dernières années, jusqu'à 25% par rapport à l'année passée. "Cela signifie que mon devis va augmenter de 15 à 30%", ajoute-t-il.

Les menuisiers ou les peintres seront les plus en difficultés selon Thierry Laureau. Un coup dur supplémentaire très redouté en cette période d'inflation où les appels des clients sont de plus en plus rares. Le téléphone sonne déjà deux fois moins que l'été dernier, assure-t-il.

La TVA à taux réduit, de 10% au lieu de 20% pour les travaux de rénovation, est appliquée depuis 1999. La TVA reste à 5.5% pour les travaux de rénovation énergétique.

Nicolas Traino avec Guillaume Dussourt