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"C'est rare": des commerçants et des artisans mobilisés contre la réforme des retraites à Abbeville

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Plusieurs dizaines d'artisans et de commerçants ont bloqué un rond-point à Abbeville ce mardi matin pour protester contre la réforme des retraites. Parmi eux, des personnes qui se mobilisent pour la première fois.

Alors que les syndicats ont appelé à mettre la France à l’arrêt ce mardi, des artisans et des commerçants bloquent un rond-point du centre de Abbeville (Somme) pour protester contre la réforme, mais aussi contre l’inflation et l’augmentation des prix de l’énergie notamment. "C’est rare, on a toujours été calmes mais là on a un ras-le-bol donc faut s’y mettre, explique Rudy, l'un des organisateurs. Défiler en ville avec des drapeaux, le gouvernement s’en fout. Des artisans mettent la clé sous la porte, des commerçants ferment le week-end, ce n’est pas normal."

Parmi les personnes qui manifestent pour la première fois, Laurent, maçon. “C’est très dur comme boulot donc je n'ai pas envie de finir à 64 ans, on crève avant. On en a marre ! Même l’inflation, l’essence, tout a augmenté, mais les salaires ne bougent pas. Ils ne comprennent pas, il faut durcir le mouvement, y aller à fond”, indique-t-il.

Sur le rond-point, Matthieu, 60 ans, est venu avec un piano, puisqu'il accorde et répare des pianos. Il affirme en avoir “assez du gouvernement qui nous prend pour des subalternes". "Nous sommes la force de la France et on ne demande pas à être aidés, on demande à être tranquilles”, indique-t-il.

"Ce sont eux là-bas qui pondent des lois alors qu’ils sont assis"

Géraldine, 50 ans, a un salon de coiffure. Elle considère avoir un métier difficile, car comme tous les artisans, elle est très souvent en position debout. “C’est ma première mobilisation. À la base, je ne suis pas pour les manifs, mais le gouvernement doit plier. La retraite augmente, nos enfants vont finir de travailler à quel âge? J’ai cinq enfants, beaucoup d’inquiétudes. S’il y a plusieurs manifs, je serai présente avec les artisans. On perd de l’argent, mais on doit faire des sacrifices”, explique-t-elle.

Dans toutes les revendications, ce qui revient le plus souvent, c’est l’âge de départ à la retraite, comme l’explique Dominique, artisan.

“La retraite à 64 ans, il faut arrêter un peu. Ce sont eux là-bas qui pondent des lois alors qu’ils sont assis. Qu’ils viennent un peu en stage chez nous et après, on verra. On a plus de dos, on a les épaules, on ne peut pas les lever plus que ça. Il n’y a pas que nous, il y a les couvreurs, les charpentiers, tous les métiers du bâtiment sont durs. Il faudrait un peu qu’ils pensent à ça”, explique-t-il.

Sur ce rond-point ce mardi matin, ils étaient une cinquantaine. Ils espèrent être le double au cours de la journée.

Marion Gauthier avec Guillaume Descours