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Colère des agriculteurs: la ratification du Ceta divise les filières agricoles

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Le Sénat se penche ce mardi sur la ratification de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, le Ceta. Mais s'il est soutenu par le gouvernement, il divise les filières agricoles concernées.

Alors que la colère agricole couve toujours, Gabriel Attal reçoit ce mardi matin les syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs pour "continuer le travail" sur les engagements du gouvernement. De son côté, le Sénat se penche ce mardi sur la ratification du Ceta, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada.

Cet accord, appliqué provisoirement depuis son adoption au Parlement européen fin 2017, permet notamment d’enlever les droits de douane sur 98% des produits échangés. S'il est soutenu par le gouvernement, une partie de la droite et la gauche s'y oppose au Sénat, laissant planer le doute sur son adoption par la chambre haute.

Dans les filières agricoles concernées par cet accord, les avis sont partagés sur son intérêt. Dans sa ferme, Clémence élève une centaine de vaches, et autant de veaux. Pour elle, la viande canadienne est une menace, car elle n’aurait pas les mêmes normes de qualité, et serait surtout moins chère.

“Je me demande aujourd’hui à quoi je sers. Pourquoi on nous impose tout ça en France et derrière, on va chercher de la viande plus loin... Nous, on va arrêter notre métier”, assure-t-elle.

La filière viticole satisfaite de cet accord

Pourtant, le gouvernement le garantit, les importations de viande canadienne sont très limitées, notamment parce qu’elles ne respectent pas les normes européennes. C’est ce que l’on appelle les clauses miroirs. “Qu’on nous dise qu’on applique des clauses miroirs au Canada ou dans un autre pays, j’ai des gros doutes là-dessus. Il y a des dérogations partout, on le voit même en Europe. On est capable de produire beaucoup de choses donc laissons-nous produire ce qu’on est capable de produire”, appuie Clémence.

Si le secteur Bauvin craint cet accord, ce n’est pas le cas de la filière viticole, qui encourage les échanges avec le Canada.

“Le Canada est un marché important. C’est le cinquième marché pour les vins français. Les accords de libre-échange, avec notamment des baisses de tarifications douanières, permettent à notre secteur d’être plus performant, plus compétitif et donc plus offensif”, assure Jean-Marie Fabre, président du syndicat des vignerons indépendants.

En 2022, l’exportation de vin au Canada a progressé de 11% selon le syndicat, en partie grâce à cet accord.

Pierre Bourgès avec Guillaume Descours