Monétiser les congés payés: “je le fais dans mon entreprise et ça fonctionne bien”, assure un patron

Le Premier ministre François Bayrou a annoncé mardi qu'il allait proposer aux partenaires sociaux d'ouvrir des négociations sur l'assurance chômage et sur le droit du travail, afin notamment de "faciliter les recrutements" et "augmenter les offres d'emploi".
La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a précisé dans la foulée, lors de la même conférence de presse, que "la possibilité de monétiser la cinquième semaine de congés payés" ferait partie des pistes qui allaient être mises sur la table.
Cette piste est passée relativement inaperçue, y compris au sein du gouvernement: interrogé par la presse à ce sujet lors d'un déplacement à Metz jeudi, le ministre de l'Économie et des Finances Eric Lombard a botté en touche en indiquant ne pas avoir "vu" cette mesure "dans nos propositions". "On prend les idées, mais celle-là, je ne l'ai pas vue", a-t-il ajouté.
Plus tôt, sur France Inter, Marylise Léon avait estimé que la monétisation de la cinquième semaine de congés payés faisait "partie du musée des horreurs qui a été ouvert au moment de la présentation de ce qui pourrait être fait sur le droit du travail".
"Aujourd'hui, le sujet numéro un, c'est la question effectivement du pouvoir d'achat, mais ce n'est pas aux salariés eux-mêmes de se payer un peu plus de marge de manoeuvre pour boucler les fins de mois en rognant sur leurs congés", a-t-elle ajouté.
Concernant le plan d'économies dévoilé par François Bayrou mardi, la numéro un de la CFDT a dit être "tout à fait lucide sur le fait que la situation est grave et qu'il y a besoin d'avoir un budget particulier" mais il ne faut pas que ce dernier se fasse aux dépens de la "transition écologique" ou de la "justice sociale".
"Une fausse bonne idée"
Les Français sont-ils prêts à troquer la cinquième semaine de congés payés contre de l’argent? C’est le débat dans les Grandes Gueules ce jeudi.
Benjamin, chef d’entreprise dans les Pyrénées-Atlantique, applique cette mesure depuis trois ans dans son entreprise: “mes salariés ont cinq semaines de congés payés, mais ils peuvent choisir d’en poser seulement une ou deux et le reste, je paye. Du coup, j'ai plusieurs employés qui posent seulement quatre semaines de vacances par an et qui se font payer la dernière pour s’acheter un scooter, se faire un beau voyage, etc. Ça fonctionne hyper bien, et tout le monde est heureux”.
C’est "une fausse bonne idée” pour Flora Ghebali. “Quand on voit l'idée, on se dit que c’est plus de choix et plus de flexibilité. Sauf qu’en réalité, ça va accroître les inégalités. Par exemple, une mère célibataire qui a du mal à boucler les fins de mois, va nécessairement la travailler cette semaine-là. Mais en conséquence, elle va moins passer de temps avec son enfant et moins se reposer. Quand on a la chance d’être salarié, on a des droits, dont le droit au repos”, explique la chroniqueuse.
Enfin, pour le député RN Jean-Philippe Tanguy, cette idée “c’est encore une volonté de priver les gens”. “Une mesure, elle va aussi dans un contexte. C'est un état d’esprit qui vise à encore priver de droits les français, et faire croire que les gens ne travaillent pas assez. Ce qui est faux. Il faut seulement que plus de Français travaillent”, conclut-il.