"On est pris en otage": un directeur de parc d'attractions écœuré par les demandes des saisonniers
Employeur cherche saisonnier désespérément. Près de 200.000 postes sont toujours à pourvoir dans le secteur du tourisme. Le Grand Parc d'Andilly, le plus grand parc d'attraction de Haute-Savoie, n'échappe pas non plus à la crise. Conséquence, il doit fermer deux jours par semaine en plein mois d'août, faute d'employés suffisants.
Pour pouvoir ouvrir en continu, il manque 30 salariés au parc: "Ceux qui viennent travailler chez nous indiquent leurs conditions à leur arrivée", déplore ce jeudi sur RMC Vincent Humbert, président du Grand Parc d'Andilly en Haute-Savoie.
Pas le choix donc. Il a pris la décision de fermer le lundi et le mardi: "On doit fermer le lundi et mardi, à 18h au lieu de 19h, et un tiers des stands de restauration sont fermés".
"On paie au Smic mais avec des qualités de travail exceptionnelles. Il y a une bonne ambiance et ceux qui viennent une première saison, reviennent en général d'année en année", explique-t-il.
"Les gens font ce qu'ils veulent de leur contrat de travail"
Et impossible d'augmenter les salaires malgré l'inflation galopante: "Avec le phénomène des 35 heures, on ne peut pas augmenter les salaires. Avec les 39 heures ça allait mais là on doit augmenter le prix d'entrée".
"Avant de commencer ils demandent des jours de congés. Quand on signe un contrat de travail, ils s'en foutent, ils n'ont aucun devoir. Ils viennent deux jours et ne viennent plus sans prévenir. La personne qui signe un contrat de travail en tant que salarié n'a aucun devoir. Il n'a aucune valeur juridique, les gens font ce qu'ils veulent de leur contrat de travail. On est pris en otage. Le rapport s'est inversé" ", déplore Vincent Humbert.
2 à 3.000 euros de perte par jour de fermeture
Autre problématique, la proximité de la Suisse et notamment de Genève où les salaires sont bien plus élevés qu'en France: "Il y a des emplois d'été payés à 3-4.000 euros. Les données chez nous sont faussées".
"La première année, vous êtes payés au Smic. La deuxième vous avez 100 euros de plus et encore 100 euros la troisième. On a une fidélisation pour ceux qui sont venus une première fois et on l'esprit du travail. Vous avez également plus de responsabilités", explique-t-il. Mais c'est difficile de donner à un jeune de 16-17-18 ans plus que le Smic alors qu'il ne connaît pas du tout le travail. On paye même des formateurs pour des jeunes qui viennent un jour ou deux", ajoute Vincent Humbert.
Le parc risque de perdre 2 à 3.000 euros par jour estime-t-il. "La solution sera peut-être des contrats de travail plus flexibles, que l'on puisse arrêter du jour au lendemin", conclut Vincent Humbert, déplorant un "phénomène national".