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Prix, normes: le poulet ukrainien, "exemple parfait" de la concurrence déloyale dénoncée par les agriculteurs

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Le président de la République Emmanuel Macron a assuré vouloir "réguler" les importations de céréales et de volailles ukrainiennes. Depuis la mise en place d'accord de libre-échange entre l'Ukraine et l'Europe, le poulet ukrainien est en concurrence avec le poulet français, sans respecter les normes imposées aux producteurs français, pour un produit plus de deux fois moins cher.

Depuis la Suède, le président de la République Emmanuel Macron a demandé des "mesures claires" face aux importations de poulets et de céréales d'Ukraine. "On a des importations en volume et en qualité qui déstabilisent le marché européen, qu’il s’agisse des poulets comme des céréales", a assuré le chef de l'Etat, alors qu'il doit rencontrer ce jeudi la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Depuis 2014 et un accord de libre-échange signé entre l'Europe et l'Ukraine, la volaille ukrainienne peut entrer en France plus facilement. Cet accord, qui portait initialement sur 40.000 tonnes, a été renégocié à 100.000 tonnes en 2019 et 230.000 tonnes en 2023, grâce à la suppression des droits de douane et des quotas.

Résultat, le poulet ukrainien se retrouve dans les rayons français pour un prix défiant toute concurrence, alors que certaines normes imposées aux agriculteurs français ne sont pas respectées. "Le poulet ukrainien, c'est l'exemple parfait qu'on met en concurrence des producteurs de poulet français qui respectent plein de normes avec un poulet produit en Ukraine qui ne respecte pas les mêmes normes", alerte Yann Nédélec, directeur de l'interprofession de la volaille de chair, dans Apolline Matin ce mercredi sur RMC et RMC Story.

Le poulet ukrainien est par ailleurs produit dans des "fermes-usines" de 2 à 3 millions de volailles, contre en moyenne 40.000 en France, et qui ne respectent pas les normes environnementales ou liées au bien-être animal. Un poulet qui coûte aussi moins cher, avec un coût du travail inférieur en Ukraine.

Un poulet deux fois moins cher

Résultat, le poulet ukrainien est plus de deux fois moins cher: "À Rungis, le kilo de filet de poulet français s'achète 7 euros. Le kilo de filet de poulet ukrainien, environ 3 euros", précise Yann Nédélec.

Les Français restent pourtant attachés au marché local. Dans les rayons de la grande distribution, les consommateurs restent sensibles. "Quand les gens voient le logo français, ils achètent français. Et globalement dans les supermarchés, c'est du poulet français", explique le spécialiste.

En revanche, le poulet transformé, en nuggets ou cordons bleus notamment, "a plus de chances d'être du poulet ukrainien, brésilien ou thaïlandais". "La plus grosse partie des importations se trouve dans le secteur des produits élaborés et de la restauration. Et sur ces produits élaborés, l'indication de l'origine n'est pas obligatoire. On perd donc la traçabilité", alerte Yann Nédélec.

Le poulet ukrainien n'est pas le seul en cause. Le poulet brésilien aussi est importé sans besoin de respect des normes en vigueur pour les éleveurs français. Pour un filet de poulet à 2,47 euros le kilo.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC