TVA: "C’était une mesure stupide", taclent les autoentrepreneurs qui réclament un "retrait" total

Finalement, l'abaissement du seuil d'exemption de la TVA pour les auto-entrepreneurs n'aura pas lieu. Comme RMC l'avait révélé, le ministère de l'Economie et des Finances a décidé ce jeudi de suspendre cette mesure initialement adoptée dans le cadre du budget 2025, le temps d'une concertation.
"C'est une première victoire", se félicite ce vendredi sur RMC et RMC Story Grégoire Leclercq, président de la Fédération nationale des autoentrepreneurs (FNAE). "On a gagné une bataille, mais pas encore la guerre. Nous ne voulons pas une suspension mais un retrait pur et simple", avance-t-il.
Les représentants des autoentrepreneurs doivent rencontrer Véronique Louwagie la Ministre déléguée chargée du Commerce, de l'Artisanat et des PME: "On est satisfait qu'elle entende cette crainte mais ne voulons pas d'une suspension, ce n'est pas une négociation prévient d'ores et déjà Grégoire Leclercq.
Une mesure "complexe et stupide"
"Cette mesure est complexe et stupide et laisse les auto-entrepreneurs dans l'incertitude. Que va-t-il se passer pendant la concertation, pendant 3 à 6 mois? Les gens ne vont pas collecter la TVA, ils auront des factures et des devis avec le mauvais taux", ajoute le président de la FNAE, alors que la mesure devait entrer en vigueur au 1er mars.
Jusqu'à présent, les autoentrepreneurs n'appliquaient pas la TVA tant qu'ils n'avaient pas atteint un seuil de chiffre d'affaires annuel de 37.500 euros pour les prestations de service (les consultants, les kinés), et 85.000 euros pour la vente de marchandise (les commerçants). Le gouvernement entendait abaisser ce seuil à 25.000 euros annuels.
Le gouvernement entendait mettre fin ainsi à la concurrence déloyale: "C'est un argument qu'on entend depuis 16 ans mais pourquoi 25.000 et pas 0. Pourquoi on n'est pas déloyal à 25.000 mais pas à 0?", interroge Grégoire Leclercq.
L'Etat entendait récupérer 400 millions d'euros
"La ministre a compris que le rapport de force est plutôt en notre faveur, l'opinion publique est derrière nous" ajoute-t-il. Et les pouvoirs publics l'ont bien compris et ont cédé plus vite face aux autoentrepreneurs que face à Bernard Arnault, l'un des hommes les plus riches du monde: "Le régime de l'autoentrepreneur dans ce pays en plein marasme, c'est la dernière chose qui fonctionne", explique Grégoire Leclercq. "C'est simple et ça créé de l'emploi dans une période où le chômage remonte".
Avec cette mesure, le gouvernement espérait réduire la distorsion de concurrence entre les petites entreprises ce qui devait rapporter 400 millions d'euros par an aux caisses publiques: "Personne n'aurait payé la TVA, les autoentrepreneurs se seraient débrouillé pour dupliquer leur entreprise, se limiter au plafond et sous-déclarer le chiffre d'affaires (faire du black, ndlr). C'est la réalité du terrain, c'est humain, l'Etat n'aurait jamais touché ces 400 millions d'euros".