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Agriculteurs: la colère ne faiblit pas dans les autres pays européens

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Si les agriculteurs français ont levé leurs barrages ce week-end, la colère n’est pas retombée en Europe, avec une mobilisation qui se poursuit chez plusieurs de nos voisins.

Le feu de la colère du monde agricole couve toujours. Et c’est pour cela que les accords négociés en France, la semaine dernière, ne marquent pas la fin de l’histoire. Parce que la mobilisation paysanne se fait aussi entendre ailleurs en Europe, et se poursuit un peu partout.

En Allemagne, près d’un millier de tracteurs ont bloqué vendredi le plus grand aéroport du pays, celui de Francfort. Aux Pays-Bas et en Belgique, des autoroutes ont été bloquées vendredi. En Espagne, de grandes manifestations sont prévues la semaine prochaine. En Suisse, le mouvement commence au moment où il semble s'arrêter chez nous. Des tracteurs ont défilé samedi dans Genève. C'était la première manifestation de colère paysanne dans le pays.

En Italie, un convoi de 150 tracteurs se trouve à une heure de Rome, et les leaders du mouvement annoncent leur intention d’aller bloquer la capitale. Ils exigent d'être reçus par la Première ministre Giorgia Meloni.

Un mouvement qui dure en réalité depuis des mois

Tout a commencé aux Pays-Bas, à l’été 2022, quand le gouvernement a présenté un plan pour réduire drastiquement le nombre des animaux d'élevages. La motivation était avant tout écologique, pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Il était prévu de réduire de 30% les cheptels, par exemple des vaches laitières. Ce qui aurait entraîné la disparition de 10 à 15.000 exploitations.

On connaît la suite, non seulement les agriculteurs ont commencé à régulièrement bloquer des routes mais les électeurs se sont révoltés aussi. Un petit parti paysan, le BBB, a remporté des succès électoraux. Mais surtout, aux dernières législatives, c’est l'extrême droite qui est arrivée en tête, notamment en promettant de geler le fameux plan de réduction de l'élevage. Les négociations pour former une coalition sont toujours en cours. Le parti paysan pourrait s’allier au populiste Geert Wilders.

Après les Pays Bas, c’est en Europe de l’Est que le mouvement s’est propagé

Depuis des mois, les agriculteurs manifestent en Roumanie, en Pologne, en Slovaquie, en Hongrie et en Bulgarie. Avec des revendications sur leurs revenus, mais surtout une inquiétude face à la concurrence des produits ukrainiens. En particulier des céréales. Depuis 2022, par solidarité avec ce pays agressé par la Russie, l’Europe a ouvert ses marchés aux productions agricoles ukrainiennes.

Le mouvement de colère européen a ensuite gagné l’Allemagne le mois dernier, avec 5.000 tracteurs dans Berlin. Les agriculteurs allemands entendaient garder une exonération fiscale sur le gazole.

La France, finalement, est entrée dans la danse, après tout le monde, mais avec un niveau de mobilisation bien supérieur à ce que l’on a vu ailleurs. Les syndicats étrangers ont souvent cité les blocages autoroutiers français comme un exemple à suivre.

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Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Crise agricole, France/UE, la colère ne retombe pas - 05/02
3:21

L'UE dans le viseur

Ce qui rapproche tous ces mouvements, c’est la contestation de la politique européenne. En réalité, les difficultés ne sont pas les mêmes partout. En Espagne, le problème, c’est surtout la sécheresse. En Grèce, les tempêtes de la fin de l’été dernier, En Pologne, c’est la concurrence de l’Ukraine.

Mais partout, les agriculteurs se retrouvent pour contester les normes européennes, mais surtout ce que l’on appelle le Green Deal, le "pacte vert", qui prévoit la réduction de l’usage des pesticides et la protection de la biodiversité à travers la mise en jachère des terres.

Jeudi, la commission européenne a annoncé des exemptions ou des reports de certaines mesures du pacte vert. Mais pas l’abandon du projet. Ce qui veut dire qu’au niveau européen, rien n’est réglé.

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)