Assassinat d'un PDG à New York: Luigi Mangione, le tueur, provoque la fascination et le malaise

Il y a huit jours, Brian Thomson est abattu à New York, en plein Manhattan. C’est le PDG d’United Health Care. Ni plus ni moins que le premier assureur santé américain. Des images montrent un tueur capuché et masqué. Son pistolet s’enraye, mais il le débloque de sang-froid pour finir son crime, avant de prendre la fuite à vélo. La police conclut rapidement à un acte prémédité.
Cinq jours après, Luigi Mangione, 26 ans, est arrêté en Pennsylvanie, à 500 km de New York. Fils de bonne famille, diplômé. On retrouve sur lui une arme qui pourrait avoir été fabriquée par une imprimante 3D.
Et étonnement, depuis la mort de Brian Thomson, on observe une vague de soutien à Luigi Mangione. Avec des commentaires haineux à l’adresse d’entreprises américaines, des internautes lui rendent hommage sur les réseaux sociaux.
Un système de santé à la peine
Des produits dérivés sont même vendus à l’effigie de Luigi Mangione, en oubliant que l’apologie d’un crime est punie par la loi. Aux Etats-Unis, comme ici en France. Des anonymes appellent à sa libération. En quelques jours, le tueur devient un héros des réseaux.
Car aux Etats-Unis, la couverture santé est parfois un luxe. Ce n'est pas notre système de la Sécu sociale, avec la carte vitale et le tiers payant: là-bas, les malades renoncent à leur traitement. Et même quand on est assuré, il faut avoir bien lu les astérisques des contrats. Se faire rembourser, ce n’est pas gagné.
United Health Care, dont Brian Thomson était le PDG, ce sont plus 50 millions d’assurés américains pour 370 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 16 milliards de bénéfices en 2023.
Des motivations assez claires?
Mais le malaise est là. Le New York Times révèle une note interne de la police qui s’inquiète que Luigi Mangione ne soit perçu comme un martyr, malgré l'assassinat de Brian Thompson dont il est accusé. Près du corps de la victime, on a retrouvé trois douilles portant des inscriptions "delay, deny, depose" (retarder, refuser, destituer), les mots apposés sur les dossiers des patients dont les assureurs refusent les soins.
Des mots qui feraient référence à un livre: "Delay, Deny, Defend: pourquoi les compagnies d’assurance ne paient pas les sinistres et ce que vous pouvez faire pour y remédier". Aujourd’hui, l’ouvrage est en rupture de stock sur Amazon.
On a aussi retrouvé un manifeste sur Luigi Mangione au moment de son arrestation. Trois pages dans lesquelles il fustige le système de santé américain "le plus coûteux du monde" écrit-il, "là où l’espérance de vie d’un Américain est au 42e rang mondial".
Des proches ont raconté qu’il souffrait de problèmes de dos qui l’handicapaient dans son quotidien. Une radio de son dos figure en haut de sa page X. Aujourd’hui, Luigi Mangione fait savoir qu’il s’opposera à son extradition de la Pennsylvanie vers New York, et qu’il entend plaider non-coupable. Cette histoire n’a pas fini de diviser l’Amérique.