Bateau pour Gaza: les manifestants à Paris dénoncent "l'impunité totale" d'Israël

Emmanuel Macron appelle au retour "dans les plus brefs délais" des ressortissants français présents sur le Madleen. Ce voilier avec, à son bord, 12 militants, dont 6 français, est parti d'Italie le 1er juin pour "briser le blocus israélien" à Gaza. Il a été arraisonné dans la nuit de dimanche à lundi par l'armée israélienne et a atteint le port israélien d'Ashdod lundi soir. La militante écologiste suédoise Greta Thunberg et l'eurodéputée franco-palestinienne Insoumise Rima Hassan se trouvaient notamment à bord.
"Il est prévu que les passagers retournent dans leurs pays", a indiqué le ministère israélien des Affaires étrangères. Les militants pro-palestiniens du voilier Madleen, ont, depuis, été transférés à l'aéroport de Tel-Aviv en vue de leur rapatriement, a annoncé ce mardi le ministère israélien des Affaires étrangères. "Ceux qui refusent de signer les documents d'expulsion et de quitter Israël seront traduits devant une autorité judiciaire, conformément à la loi israélienne", a indiqué le ministère sur X.
150.000 manifestants
Des milliers de personnes se sont rassemblées hier soir dans le pays pour appeler à leur "libération". Lille, Lyon, Toulouse, Strasbourg, Nice notamment. La France insoumise revendique 150.000 manifestants en France et "près de 200 rassemblements" dans le pays.
À Paris, place de la République, 50.000 manifestants étaient présents selon LFI, 8.000 selon la police. Sur la place, des chants pour la Palestine et des pancartes en soutien à la flottille. Une flottille arrêtée avant d'arriver à Gaza, sans surprise pour Nicolas: "Quand on voit la façon dont se comportait l'armée israélienne par rapport au droit international, ça paraissait logique qu'ils aillent les arrêter même s'ils en n'avaient pas le droit".
"Elle est prête à s'en prendre à des citoyens qui veulent juste aider des gens à survivre", s'indigne le manifestant.
"Impunité totale"
Ce que les manifestants dénoncent, c'est une arrestation dans les eaux internationales, ce que n'a pas confirmé l'armée israélienne. Sur BFMTV, l'ambassadeur d'Israël en France assure même que le navire a été arraisonné "quand il est entré dans les eaux territoriales israéliennes" et non avant, dans les eaux internationales. Mais pour Radia, keffieh sur les épaules, la flottille n'a pas échoué pour autant: "ça met un gros projecteur sur le fait qu'ils ont une impunité totale et qu'on a l'impression que la loi ne s'applique pas à eux".
Alors Emmanuel Macron demande le retour rapide des ressortissants français: "Nous avons passé tous les messages pour que la protection soit assurée à l'égard de nos ressortissants et que au plus vite ils puissent retrouver le sol français". Une réponse insuffisante aux yeux de Noémie: "C'est la moindre des choses, on n'a pas vu de menaces de sanctions alors qu'on parle d'une élue de la République, de journalistes".
Des passagers dont Louise, 26 ans, attendent le retour avec impatience: "J'attends qu'ils rentrent pour nous expliquer en détail".
"Est-ce que l'intimidation a duré plus que ces quelques heures? Combien de drones les ont survolés avant? Que s'est-il passé pendant ces heures d'interpellations?", s'interroge-t-elle.
"Une honte"
Elle espère que l'Union Européenne prendra "enfin", dit-elle, des sanctions contre Israël. Depuis Nice, le président Emmanuel Macron en a aussi profité pour critiquer ouvertement le blocus en cours à Gaza: "La France appelle à un cessez-le-feu au plus vite et à la levée du blocus humanitaire".
"Le scandale, l'inacceptable qui se joue à Gaza, c'est cela. Et c'est ce qui, depuis début mars, est une honte. Une honte", martèle le président.
Il poursuit: "On parle d'enfants, de personnes aujourd'hui dans une situation très grave, on parle de personnes âgées qui sont en train de mourir chaque jour à cause de ce blocus et à cause du fait que le cessez-le-feu n'est pas signé".
L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes alors enlevées, 54 restent retenues à Gaza, dont au moins 32 mortes, selon les autorités israéliennes. Plus de 54.880 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans l'offensive israélienne de représailles à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.