"Des mannequins anormalement minces": au Royaume-Uni, Zara doit supprimer des publicités

Le régulateur de la publicité au Royaume-Uni a ordonné à la marque de vêtements Zara de retirer deux publicités "irresponsables", mercredi 6 août. En cause: des mannequins jugés trop maigres.
Il s'agit de deux publicités mises en ligne sur le site internet de la marque, qui correspondent à la "fiche produit" de deux vêtements, portés par des mannequins.
Sur la première photo, une top model porte une chemise blanche oversize très ample avec un décolleté plongeant qui laisse apparaître des clavicules très saillantes. L'autorité de la pub britannique estime même que le focus de la photo est créé autour de ses clavicules.
Sur la seconde figure une mannequin qui porte une robe blanche, le visage émacié. Là aussi, une clavicule saillante. Ces deux modèles sont jugées "anormalement minces" par le régulateur britannique de la pub.
Pas un cas isolé
La marque de vêtements espagnole a tout d’abord retiré les publicités en question. Elle dit avoir suivi les recommandations britanniques en la matière, en réclamant les certificats médicaux des deux mannequins, qui attestent de leur bonne santé. Ils ont été délivrés par des médecins spécialisés dans le diagnostic des troubles alimentaires.
Zara certifie qu'aucune de ces photos n'a été modifiée, en dehors de 'très légères retouches d’éclairage et de coloration'. La marque a par ailleurs assuré s’engager à proposer un contenu responsable.
Au Royaume-Uni, ça n'est pas un cas isolé. Cette année l’autorité régulatrice de la publicité au Royaume-Uni a déjà épinglé d’autres marques pour des raisons similaires. Ça a été le cas avec Marks & Spencer.
Des règles strictes en France
Pourtant il y a désormais des règles strictes dans certains pays. Au Royaume-Uni, il faut délivrer un certificat médical pour exercer, mais la législation n’est pas aussi stricte qu’en France.
Depuis la loi Santé de Marisol Touraine en 2017, en France il faut non seulement que les mannequins soumettent un certificat médical mais ils doivent aussi atteindre un certain seuil d'indice de masse corporel. De plus, si une photo a été modifiée, elle doit obligatoirement faire l’objet de la mention "photographie retouchée".
L'embauche d’un mannequin trop maigre peut entraîner une peine de 6 ans de prison et de 75 000 euros d’amende.
Le retour du culte de la maigreur
Ces publicités soient loin du "body positivism", qui valorise toutes les morphologies. Certains spécialistes s'interrogent même sur un retour de la tendance inverse, avec un culte de la maigreur parfois très présent sur les réseaux sociaux.
Sur Tiktok notamment, des milliers de vidéos font la promotion de la tendance dite "Skinny Tok", qui valorise les conduites alimentaires à risque. Le problème est que cette tendance est présentée comme "saine". Cela questionne la responsabilité de la plateforme qui n’interdit pas ces contenus et se contente de présenter une page dédiée aux troubles du comportement alimentaire.
En France, la ministre du numérique Clara Chappaz a saisi en avril dernier le régulateur des médias et la Commission européenne au sujet de cette tendance qu’elle juge inadmissible.