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Les agences de l'ONU appellent à "inonder" Gaza d'aide humanitaire

Des Palestiniens récupérant de l'aide humanitaire distribuée par parachute à l'ouest de Deir al-Balah, au centre de Gaza, le 28 juillet 2025.

Des Palestiniens récupérant de l'aide humanitaire distribuée par parachute à l'ouest de Deir al-Balah, au centre de Gaza, le 28 juillet 2025. - ASHRAF AMRA / ANADOLU / Anadolu via AFP

Alors que la famine fait rage à Gaza, les agences humanitaires appellent les pays à envoyer en quantité de l'aide humanitaire dans la zone, profitant d'une pause partielle des bombardements annoncée par Israël.

"Inonder" d'aide alimentaire la bande de Gaza. Voilà l'appel de plusieurs agences de l'ONU, alors que la zone est menacée d'une "famine généralisée". Dans le même temps, Israël a annoncé une pause partielle dans les bombardements, permettant l'acheminement de nouvelles cargaisons d'aide humanitaire ce mardi dans le territoire palestinien assiégé. Mais elles sont jugées insuffisantes par les organisations internationales.

"Le filet d'aide doit devenir un océan", a lancé le secrétaire général de l'ONU, António Guterres.

Parachutage de vivres

Dans les airs, les parachutages de vivres se multiplient, menés par la Jordanie, les Émirats arabes unis et pour la première fois mardi par le Royaume-Uni. La France a, elle, annoncé qu'elle larguerait 40 tonnes d'aide sur Gaza à partir de vendredi.

Sur une plage proche de Deir el-Balah, dans le centre de Gaza, des Palestiniens ont dû se jeter dans la mer pour sauver ce qu'ils pouvaient quand des parachutes sont tombés dans l'eau. "Nous avons dû nager pour récupérer de la nourriture pour nos enfants. La plupart des denrées tombées dans la mer sont perdues", a raconté à l'AFP un père de famille, Ismaïl al-Aqraa.

Malgré la pause des combats, la Défense civile a fait état de 30 morts dont 12 enfants dans des raids israéliens nocturnes sur le camp de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza.

"Pire scénario de famine en cours"

"Nous devons inonder Gaza, immédiatement et sans entrave, d'aide alimentaire massive, et la maintenir chaque jour afin d'éviter une famine généralisée", a déclaré Cindy McCain, directrice du Programme alimentaire mondial (PAM), dans un appel conjoint avec l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Unicef.

Un organisme international soutenu par l'ONU a averti que le "pire scénario de famine est en cours à Gaza", en raison de la guerre, des déplacements massifs de populations et des restrictions à l'aide humanitaire, près de 22 mois après le début de la guerre.

"Plus de 20.000 enfants ont été traités contre la malnutrition aiguë entre avril et mi-juillet" et les hôpitaux ont signalé au moins 16 décès d'enfants de moins de cinq ans depuis le 17 juillet, souligne ce rapport de l'IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire), fruit du travail d'ONG, d'institutions régionales et d'agences de l'ONU.

Pour le PAM, la catastrophe humanitaire à Gaza rappelle les famines en Ethiopie et au Biafra, au Nigeria, au siècle dernier.

Netanyahu se défend

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui accusé Israël de "tuer par la faim" la population de Gaza, affirmant que les images provenant du territoire palestinien étaient "plus brutales" que celles des camps nazis.

Prenant le contre-pied des affirmations du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le président américain Donald Trump a lui-même affirmé lundi qu'il y avait des signes d'une "vraie famine" à Gaza.

"Nous autorisons déjà des quantités importantes d'aide humanitaire à entrer à Gaza (...) Malheureusement, le Hamas (...) a volé l'aide destinée à la population, souvent en tirant sur des Palestiniens", s'est défendu mardi le bureau de Benjamin Netanyahu.

Les autorités israéliennes ont annoncé que l'aide transportée par plus de 200 camions avait été distribuée lundi par l'ONU et des agences humanitaires et qu'environ 260 autres camions avaient été autorisés à entrer à Gaza, ainsi que 4 camions-citernes de l'ONU transportant du carburant.

Mais l'ONU estime qu'il faudrait chaque jour au moins 500 à 600 camions de nourriture, de médicaments et de produits d'hygiène pour subvenir aux besoins immenses des plus de deux millions de Palestiniens de Gaza.

Plus de 60.000 morts

Début mars, Israël avait totalement interdit l'entrée de l'aide à Gaza, avant d'autoriser fin mai des quantités très limitées. Mais face à une forte pression internationale, Israël a annoncé dimanche une pause des hostilités durant la journée dans certains secteurs, à des fins humanitaires.

Ajoutant à l'isolement d'Israël, le Royaume-Uni a rejoint la France mardi en annonçant qu'il reconnaîtrait en septembre l'Etat de Palestine, sauf si Israël prend un certain nombre d'engagements dont celui d'un cessez-le-feu à Gaza. Israël a rejeté cette annonce.

L'attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre, a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

A Gaza, l'opération israélienne menée en représailles a fait 60.034 morts, a annoncé mardi le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar a rejeté les pressions internationales pour un cessez-le-feu. Si Israël cessait la guerre alors que le Hamas est toujours au pouvoir à Gaza et détient des otages, ce serait une "tragédie". "Cela n'arrivera pas", a-t-il déclaré.

Solenn Guillanton avec AFP