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"Mes enfants à Gaza me disent qu'ils veulent mourir", témoigne Khaled, bloqué en Cisjordanie

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Khaled, Gazaoui bloqué à Ramallah en Cisjordanie occupée depuis les attaques terroristes du 7 octobre, dit au micro de RMC espérer une issue positive après les annonces du Hamas sur le plan de paix proposé par Donald Trump. Il n'a pas vu ses enfants à Gaza depuis 2 ans. "Ce qu'ils vivent est atroce."

Une réunion de négociations doit se tenir ce dimanche au Caire après la réponse du Hamas au plan de paix de Donald Trump. Ces pourparlers indirects entre le Hamas et Israël, qui se poursuivront demain, se déroulent sous l'égide de l'Égypte avec la présence de l'émissaire américain Steve Witkoff.

Vendredi soir, le Hamas s'est dit prêt à négocier immédiatement et à libérer les otages. Mais le mouvement islamiste n'a pas répondu à plusieurs points du plan de Donald Trump, notamment le désarmement, la tutelle internationale ou encore la présence d'une force étrangère sur le terrain.

Dans le même temps, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré hier qu'il espérait que tous les otages retenus dans la bande de Gaza seraient ramenés chez eux "dans les prochains jours", après que le Hamas a dit être prêt à les libérer.

Dans la ville de Gaza, la défense civile palestinienne a fait état samedi matin de dizaines de frappes aériennes et de tirs d'artillerie israéliens. L'armée israélienne a annoncé la poursuite de ses opérations dans le territoire palestinien, en dépit de l'appel du président américain à cesser immédiatement les bombardements.

À Gaza, "ce qu'ils vivent est atroce"

Donald Trump a de son côté averti le Hamas qu'il ne "tolérerait aucun retard" dans l'application de son plan, présenté fin septembre et visant à mettre fin à la guerre à Gaza et à libérer les otages.

Ces négociations font naître une lueur d'espoir chez certains Gazaouis. Ceux que RMC a rencontrés se trouvaient en Israël le matin du 7 octobre 2023, pour travailler. Après l'attaque du Hamas, ils se sont retrouvés bloqués hors de l'enclave, où est restée leur famille. Reportage à Ramallah.

Dans un appartement rudimentaire, autour d'une tasse de café, Khaled attend depuis deux ans, loin des siens, sans pouvoir les rejoindre. Sa voix tremble lorsqu'il énumère les membres de sa famille tués à Gaza : son fils, sa mère, des neveux. "C'est une bonne chose que le Hamas ait accepté l'accord, au moins pour sauver ceux qui restent. Ce qu'ils vivent est atroce. Mes enfants me disent qu'ils veulent mourir, se faire tuer plutôt que de continuer à vivre ça", confie-t-il.

"Depuis que je suis enfant, je n'ai connu que la guerre. Mon corps est à Ramallah mais tout le reste est à Gaza"

Difficile pour lui d'envisager l'après et une paix durable. Alors il prie, comme Ali. "Inshallah", souffle-t-il. Ali, lui, reste suspendu à son téléphone. Il appelle Gaza ; sa mère décroche, l'inquiétude et la fatigue dans les décombres de l'enclave. "Je leur parle presque tous les jours. C'est tellement d'inquiétude, de frustration ! Avant je pesais 92 kg, aujourd'hui je ne fais pas plus de 60", dit-il en montrant une photo de 2023, avant la guerre.

Le chagrin au fond des yeux, il ajoute : "La chose la plus importante, c'est le cessez-le-feu. Depuis que je suis enfant je n'ai connu que la guerre. Ça suffit. Mon corps est ici... mais tout le reste est à Gaza."

Des centaines de milliers de personnes ont défilé samedi à Rome, Barcelone et Madrid pour réclamer la fin de la guerre à Gaza. Des rassemblements plus modestes ont eu lieu à Dublin et à Londres. En France, plusieurs manifestations étaient organisées pour soutenir la flottille d'aide à Gaza et demander à Emmanuel Macron de prendre des "sanctions" contre Israël afin de lever le blocus imposé au territoire palestinien.

Marion Gauthier avec LM