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"On est complètement abandonnés": la colère des Français qui n'arrivent pas à quitter Israël

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De nombreux Français qui tentent de quitter Israël s'estiment abandonnés, alors qu'un premier vol spécial de rapatriement est organisé ce jeudi, mais seulement pour 381 personnes prioritaires.

381 Français vont être évacués d'Israël ce jeudi 12 octobre. Air France opère un "vol spécial" pour rapatrier les ressortissants "les plus vulnérables". L'avion partira de Tel-Aviv à 16h40, pour une arrivée à Roissy-Charles-de-Gaulle à 20h35. C'est le premier avion que la compagnie affrète, après avoir suspendu ses rotations quotidiennes dès samedi dernier.

Pour les personnes choisies, définies comme prioritaires car malades, âgées ou enceintes, c'est le soulagement. Mais pour toutes les autres qui sont encore sur place, c'est l'incompréhension. Nombreux sont ceux qui ne comprennent pas que ces évacuations mettent autant de temps à se mettre en place, d'autant que les informations arrivent au compte-gouttes.

Isabelle, venue en touriste, à Jérusalem, n'a plus de billet retour, et se sent livrée à elle-même.

"On est complètement abandonnés, la moindre des choses serait de nous donner des conseils", réclame-t-elle.

"On passe notre vie à chercher des avions sur les sites de voyage. Et on se dit, quand est-ce qu'on va venir nous chercher? Quand on ne pourra plus payer notre Airbnb, on sera à la rue", s'alarme-t-elle.

Bryan, étudiant en alternance ne voit pas d'issue à sa situation. "Moi, à 21 ans, à mon âge, vu la liste des priorités, je suis encore là dans trois mois", souffle-t-il.

"Au 2e jour de guerre, ils estimaient que le niveau du danger n'était pas assez élevé pour les touristes"

Daphna Poznanski-Benhamou membre du Bureau de l’Assemblée des Français de l’étranger, est catégorique: la réponse de la France n'est pas à la hauteur.

"C'est inadmissible, on doit faire un tri sur 1.500 personnes! Il nous faut 20 avions", réclame-t-elle.

Samantha Assuli, conseillère consulaire des Français de l'étranger à Jérusalem, estime sur RMC ce jeudi matin que "c'est déjà bien d'avoir un avion", car les autorités estimaient que le niveau de danger n'était pas assez élevé.

"Quand j’en ai parlé lundi au consul de Jérusalem, ce n'était pas du tout prévu. Au deuxième jour de guerre, ils estimaient que le niveau du danger n'était pas assez élevé pour les touristes. Donc il n’y avait aucun rapatriement de prévu", témoigne-t-elle.

Finalement, au fur et à mesure, les choses se sont décantées, mais lentement. "Il faut rappeler que nous, ici, on était en fête, il y avait des vacances. Il y avait énormément de touristes qui étaient là et ils se sont retrouvés bloqués", explique Samantha Asssuli.

Témoin RMC : Samantha Assuli - 12/10
Témoin RMC : Samantha Assuli - 12/10
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"Il y a des enfants qui ne parlent plus, qui ne mangent plus, qui vomissent"

Cette conseillère consulaire estime que les Français qui veulent rester, comme ceux que nous avons rencontrés à Ashkelon, ça reste "très rare".

"Les Français, les juifs français, n’ont pas l’habitude de vivre ça, même s’ils soutiennent Israël. Les enfants sont terriblement traumatisés. Il y en a qui ne parlent plus, qui ne mangent plus, qui vomissent. Les personnes âgées se mettent à trembler dès qu’il y a une alerte et sont terrorisées. Il y a de vrais drames psychologiques", assure-t-elle.

D'autres vols devraient être organisés, "vraisemblablement vendredi et samedi, avec Air France et d’autres compagnies", détaille de son côté la ministre des affaires étrangères, Catherine Colonna.

Alfred Aurenche (édité par J.A.)