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Six blessés dans le Colorado après une attaque "terroriste ciblée" au lance-flamme artisanal

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Six personnes qui manifestaient pour réclamer la libération des otages israéliens à Gaza ont été blessées dimanche à Boulder dans le Colorado par un homme armé d'engins incendiaires. Une "attaque terroriste ciblée", selon le FBI.

Six personnes ont été blessées dimanche à Boulder, dans l'Etat américain du Colorado, après qu'un homme a jeté des cocktails Molotov et les a attaqué avec un lance-flamme artisanal, en criant "Palestine libre". Il visait une foule réunie dans la ville, où se tenait une marche de soutien aux otages israéliens encore détenus dans la bande de Gaza. Ce groupe pro-israélien se réunit chaque dimanche pour demander la libération de ces otages.

Le FBI considère qu'il s'agit d'une "attaque terroriste" au regard des premiers éléments de l'enquête, a déclaré Mark Michalek, en charge de l'antenne de l'agence fédérale américaine à Denver, capitale du Colorado.

"Il est évident qu'il s'agit d'un acte de violence ciblé", a-t-il ajouté au cours d'une conférence de presse.

Stephen Redfearn, le chef de la police de la ville de Boulder, dans l'ouest des Etats-Unis, où se sont déroulés les faits, s'est montré plus réservé. "Je ne peux pas confirmer pour l'instant que cela visait un groupe spécifique de personnes", a-t-il déclaré en conférence de presse.

Un responsable de la Maison Blanche, Stephen Miller, a affirmé sur X que l'auteur était un "étranger" resté "illégalement" sur le territoire malgré l'expiration de son "visa de tourisme".

Six personnes blessées

L'organisation juive ADL (Anti-Defamation League) a fait état d'"une attaque" lors "d'un rassemblement hebdomadaire de membres de la communauté juive qui courent ou marchent en soutien aux otages enlevés le 7-Octobre" 2023 en Israël, lors de l'attaque sans précédent du Hamas qui a déclenché la guerre à Gaza.

"Cette attaque est survenue lors d'un événement pacifique régulier", a confirmé à la presse l'agent du FBI Mark Michalek. "Des témoins rapportent que le sujet a utilisé un lance-flammes artisanal et jeté un engin incendiaire dans la foule", selon M. Michalek. "Le suspect a été entendu crier: 'Palestine libre !'".

Six personnes, âgées de 67 à 88 ans, ont été transportées à l'hôpital après avoir été blessées dans l'attaque. Plusieurs victimes présentent des brûlures.

"Au moins une victime est très grièvement blessée, probablement (...) dans un état critique", a poursuivi M. Redfearn, précisant que le suspect était lui aussi blessé.

Suspect hospitalisé

Le suspect, lui, se nomme Mohamed Soliman et est âgé de 45 ans, a déclaré Mark Michalek. Il serait d'origine égyptienne. Il a été hospitalisé à la suite de blessures lors de son arrestation. Il a été placé en garde à vue. Selon le FBI, il aurait agi seul, mais des vérifications sont en cours pour vérifier si le suspect est lié à une organisation terroriste étrangère.

Annonçant plus tôt que des agents du FBI s'étaient rendus à Boulder, le directeur de l'agence fédérale, Kash Patel, a dénoncé une "attaque terroriste ciblée". Le suspect a été interpellé après que la police a reçu des appels pour signaler un homme armé "incendiant des gens", a déclaré le chef de la police locale, Stephen Redfearn, lors d'une première conférence de presse.

Dans une vidéo sur les réseaux sociaux, qui paraît avoir été tournée au moment de l'attaque, on voit un homme torse nu, agité, avec deux bouteilles en main et quelques flammes sur la pelouse devant lui, qui semble crier "Palestine is free" ("La Palestine est libre").

"Nous avons appris avec tristesse qu'un engin incendiaire a été lancé sur les participants à la marche 'Run for Their Lives' (Cours pour leurs vies), alors qu'ils sensibilisaient l'opinion à la cause des otages toujours détenus dans la bande de Gaza", a écrit la communauté juive de Boulder dans un communiqué. "Nous sommes de tout coeur avec ceux qui ont été témoins de cette horrible attaque et nous prions pour que les blessés se rétablissent rapidement."

Trump briefé

Interrogée par l'AFP, la Maison Blanche a indiqué que le président américain Donald Trump avait été "briefé" sur les événements de Boulder.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a, lui, indiqué "prier pour les victimes de cette attaque terroriste ciblée". "Le terrorisme n'a pas sa place dans notre grand pays", a-t-il ajouté sur X.

"Le terrorisme contre les Juifs ne s'arrête pas à la frontière de Gaza - il brûle déjà les rues de l'Amérique", a déclaré quant à lui Danny Danon, ambassadeur d'Israël auprès des Nations unies. "Aujourd'hui, à Boulder, dans le Colorado, des Juifs ont manifesté avec une exigence morale et humaine: la restitution des otages (...) Ne vous y trompez pas: il ne s'agit pas d'une manifestation politique, mais bien de terrorisme".

Un porte-parole du ministère de la Justice a déclaré suivre l'affaire de près et que l'auteur des faits serait poursuivi "avec toute la rigueur de la loi".

Tags hostiles en France

Les tensions à propos de la guerre à Gaza sont de plus en plus fortes et polarisantes aux Etats-Unis. Une recrudescence des violences à caractère haineux et antisémite a été signalée, tandis que les soutiens conservateurs d'Israël, dont le président américain Donald Trump, veulent bannir les manifestations pro-palestiniennes qu'ils considèrent comme antisémites.

L'administration Trump a arrêté nombre de contestataires de la guerre et coupé les subventions des grandes universités américaines n'ayant pas interdit les manifestations. Il y a moins de deux semaines, un homme, militant pro-palestinien, a été arrêté à Washington après avoir abattu deux employés de l'ambassade d'Israël qui sortaient d'une soirée organisée au Musée Juif de la capitale fédérale américaine. Le tireur, qui avait hurlé "Libérez la Palestine", a été arrêté et inculpé pour assassinats.

En France, de nouveaux tags hostiles à Israël ont été retrouvés dimanche sur le mur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, dans le 8e arrondissement de Paris. Les inscriptions "Free Palestine", "FREE PALESTINE" et "FUCK israël foi 10", ont notamment été peintes en noir sur une surface d'environ 6 mètres de long et 2 mètres de haut.

La veille déjà, le Mémorial de la Shoah, trois synagogues et un restaurant de la capitale ont été aspergés de peinture verte, suscitant l'"indignation" et la condamnation de personnalités politiques de tous bords.

SG avec Antoine Heulard et AFP