Volaille, moto, maquillage: l'UE revient sur sa riposte contre les droits de douane américains

Donald Trump à la Maison Blanche le jeudi 13 mars 2025 - Mandel NGAN
L’Union européenne joue à un jeu d’équilibriste avec les États-Unis, entre riposte et négociation. Face aux différents droits de douane décidés par l’administration Trump depuis plusieurs mois, (25% sur l'acier et l'aluminium, mi-mars, 25% sur les automobiles, début avril et 20% sur tous les autres produits européens, le 9 avril - désormais suspendus -), l’UE avait décidé d'agir en imposant, à son tour, des droits de douane.
Finalement, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé, ce jeudi midi, que la riposte organisée par l'UE était aussi suspendue pour 90 jours. Cela fait suite à la décision de Trump de suspendre, pour trois mois, les derniers droits de douane mis en place, ceux de 20 % sur tous les produits.
Objectif de la présidente de la Commission ? "Donner une chance aux négociations". En revanche, "si les négociations ne sont pas satisfaisantes, nos contre-mesures entreront en vigueur", a-t-elle prévenu sur X.
Qu'est-ce qui avait été décidé par la Commission européenne pour riposter ?
La taxation d’une liste de plus de 20 milliards d'euros de marchandises américaines avait, en effet, été votée mercredi par les membres de l'UE. Cela devait concerner des produits agricoles et alimentaires, comme le soja, la volaille, le riz ou encore des fruits, mais aussi le bois, les motos, des produits plastiques, des équipements électriques ou des produits de maquillage. L'idée était notamment de cibler des produits provenant d'États républicains, le parti de Donald Trump.
Les premières taxations du Vieux continent devaient en vigueur au milieu du mois d’avril, une autre partie mi-mai et enfin, d’autres, à la fin de l’année.
Reste à voir, maintenant comment l'Union européenne va négocier. "Il faut se mettre ensemble [tous les pays de l'UE], l’unité est absolument clé pour voir comment on va réagir secteur par secteur", estime Thierry Breton, ancien commissaire européen au marché intérieur et ancien ministre de l'Économie, invité du Face à face ce jeudi sur RMC-BFMTV.
"Il faut lui imposer"
Les négociations s'annoncent difficiles, d'autant plus que Donald Trump avait indiqué ne pas souhaiter rencontrer Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Selon Thierry Breton, "il faut lui imposer, car c'est la Commission européenne qui a la délégation exclusive des négociations sur ces questions de commerce extérieur".
D'ailleurs pour lui, le fait que Donald Trump ait suspendu sa dernière mesure, alors même qu'elle était entrée en vigueur quelques heures plus tôt, permet de comprendre que "ce sont ceux qui prêtent aux États-Unis qui sont dans une position de rapport de force". Alors, selon lui, comme "l'Europe prête beaucoup, beaucoup, beaucoup aux États-Unis", cela peut être "un levier de négociations".