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Affaire Péchier: l'anesthésiste de Besançon soupçonné de huit nouveaux cas d'empoisonnement

Frédéric Péchier arrive au tribunal de Besançon le 12 juin 2019.

Frédéric Péchier arrive au tribunal de Besançon le 12 juin 2019. - SEBASTIEN BOZON © 2019 AFP

L'anesthésiste Frédéric Péchier, déjà mis en examen à Besançon (Doubs) pour 24 empoisonnements qu'il a toujours niés, est soupçonné de huit nouveaux cas d'empoisonnements potentiels de patients, dont quatre mortels, annonce le procureur de la République Étienne Manteaux, ce mardi 27 septembre 2022.

La liste continue de s'allonger pour l'anesthésiste Frédéric Péchier. Déjà mis en examen, à Besançon (Doubs) pour 24 empoisonnements, il est désormais soupçonné de huit nouveaux cas d'empoisonnements potentiels de patients, dont quatre mortels, annonce Étienne Manteaux, procureur de la République, ce mardi 27 septembre.

Ces huit nouveaux cas ont été versés au dossier d'instruction ouvert en 2017. "La juge d'instruction est donc désormais saisie d'un total de 32 cas d'empoisonnements potentiels, dont 13 mortels", survenus en cours d'opérations dans deux cliniques privées de Besançon entre 2008 et 2016, relève-t-il.

"Le magistrat instructeur attend désormais que l'ensemble des résultats des expertises en cours, attendus pour janvier 2023, soient rendus pour entendre le Dr Péchier, puis décider si elle le met en examen pour ces huit nouveaux cas", ajoute le procureur.

Information judiciaire ouverte en février 2017

L'affaire avait débuté lorsqu'une anesthésiste de la Clinique Saint-Vincent de Besançon avait donné l'alerte après trois arrêts cardiaques inexpliqués de ses patients en pleine opération. Les poches de perfusion avaient été saisies et des analyses avaient révélé des "doses de potassium 100 fois supérieures à la normale", rappelle le procureur.

Une information judiciaire avait été ouverte en février 2017 et en mars, Frédéric Péchier, qui exerçait dans cette clinique, avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour sept premiers cas d'empoisonnements présumés de patients.

La direction de la clinique avait ensuite présenté aux enquêteurs 66 cas d'événement indésirable grave, survenus dans leur établissement.

Sept autres modes d'empoisonnement identifiés

"Au fur et à mesure du travail des enquêteurs et du toxicologue on a identifié, sur les personnes exhumées, les séquestres et les dossiers médicaux, sept autres modes possibles d'empoisonnement: au tramadole, à la mépivacaïne, à la lidocaïne, aux bêtabloquants et à l'adrénaline, qui peuvent entraîner des arrêts cardiaques quand ils sont surdosés, et l'héparine, un anticoagulant qui entraîne des hémorragies", détaille M. Manteaux.

À la suite de ces investigations, le Dr Péchier a été mis en examen, en mai 2019, pour 17 nouveaux cas d'empoisonnement, soit un total de 24 cas concernant des patients âgés de 4 à 80 ans, dont neuf mortels.

Le docteur clame son innocence

De son côté, le docteur Frédéric Péchier ne cesse de clamer son innocence depuis le début de l'affaire. Il a, d'ailleurs, été placé sous contrôle judiciaire dans la Vienne, loin de sa famille.

L'anné dernière, en septembre 2021, l'homme a tenté de se suicider en se défenestrant, après avoir envoyé un message à sa mère dans lequel il disait "je veux que cette vie s'arrête, je veux mourir innocent".

"La volonté du parquet est que monsieur Péchier soit entendu sur la totalité de ces cas et que cette information judiciaire arrive à son terme", affirme le procureur de la République.

AB avec AFP