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Police-Justice

Agression d'un maire dans l'Isère: le suspect mis en examen pour tentative de meurtre et écroué

Photo d'illustration d'une prison.

Photo d'illustration d'une prison. - afp

Le suspect dans l'agression du maire de Villeneuve-de-Marc (Isère) mercredi 6 août a été mis en examen et écroué, ce dimanche, indique le parquet.

Le sexagénaire interpellé après la violente agression du maire de Villeneuve-de-Marc (Isère) le 6 août a été mis en examen pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique, a indiqué le parquet de Grenoble, ce dimanche 10 août.

Cet habitant de Villeneuve-de-Marc, âgé de 60 ans et sans antécédent judiciaire, "a été placé en détention provisoire", a précisé le procureur de la République de Grenoble Étienne Manteaux dans un communiqué.

Interpellé vendredi, il a déclaré lors de sa garde à vue avoir "pété un plomb" à cause d'un conflit lié à l'effondrement du toit d'un bâtiment municipal sur son abri de jardin en 2022. Le litige s'est "enkysté" et a "manifestement généré chez cet homme un sentiment d'injustice", a expliqué le magistrat lors d'une conférence de presse.

Le maire Gilles Dussault, à la tête depuis 2014 de cette commune de 1.171 habitants située entre Lyon et Grenoble, avait été agressé mercredi en pleine journée devant chez lui, alors qu'il arrachait du lierre de son mur.

"Une tendance à la réinterprétation de ce qu'il vit"

Après lui avoir porté plusieurs coups à l'arme blanche, lui transperçant un poumon et un bras, son assaillant était revenu quelques instants après en voiture et avait tenté de le renverser, lui et son fils venu à son secours.

"Ses jours ne sont plus en danger aujourd'hui et on peut espérer qu'il sorte de l'hôpital dans les jours à venir", a indiqué Étienne Manteaux.

Son agresseur avait pris la fuite dans les bois, non sans avoir pris la précaution de se mettre en "tenue commando", selon les gendarmes. Repéré par une connaissance, il sera arrêté sans résistance 36 heures plus tard dans un village voisin.

Le suspect fait preuve d'un "vécu persécutif, une tendance à la réinterprétation de ce qu'il vit", a rapporté Étienne Manteaux.

Lors de ses auditions, il a déclaré que le maire exerçait une "surveillance" sur lui et voulait "racheter" son terrain.

Deux couteaux ont par ailleurs été retrouvés sous son oreiller, ce qu'il a expliqué par une volonté de "se défendre", au motif que sa soeur, décédée en avril 2025, aurait été selon lui "assassinée".

Le suspect nie l'intention de tuer

Juste avant son acte, le maire l'aurait regardé "avec un sourire sadique", a-t-il avancé. "C'est l'accumulation des choses qui m'a fait péter un plomb", a-t-il aussi dit aux enquêteurs, expliquant avoir saisi "une ferraille dans son atelier" et avoir frappé le maire, sans intention de toucher un organe vital.

S'il était revenu en voiture sur les lieux quelques instants après l'agression, c'était "pour voir ce qu'il avait fait", a-t-il poursuivi, affirmant que le maire et son fils s'étaient "jetés" sur son véhicule, a rapporté le magistrat.

Il s'agit d'un homme qui avait "plutôt réussi dans la vie", propriétaire de quatre appartements, ayant travaillé jusqu'à son licenciement en 2021 et auteur de deux livres, dont l'un portant sur l'intelligence artificielle, a souligné le procureur.

Sa mise en examen pour une double tentative de meurtre sur le maire, mais aussi de tentative de meurtre sur le fils de l'élu ouvre désormais une période d'instruction qui pourrait affiner son analyse psychologique.

Pour Étienne Manteaux, "on n'est a priori pas dans un tableau d'abolition du discernement" puisqu'il est conscient" de la gravité de son acte, mais plutôt "d'altération du discernement".

Les agressions d'élus ont augmenté de 13,5% en 2023 avant de baisser de 9,3% en 2024 avec 2.501 faits recensés, soit 48 par semaine, selon le rapport 2023-2025 publié en mai par le Centre d'analyse et de lutte contre les atteintes aux élus (Calae).

A.B avec AFP