Agressions sexuelles: sur RMC, le président du comité olympique craint d'être face "à la plus importante crise du sport français"
Les Fédérations françaises de sport dans la tourmente. Après Didier Gailhaguet, président de la Fédération française des sports de glace (FFSG), c'est au tour de la direction de la Fédération française de motocyclisme d'être accusée d'avoir fermé les yeux sur plusieurs affaires d'agressions sexuelles. Ce mercredi, une ancienne pilote de motocross a saisi le tribunal administratif pour dénoncer "le silence coupable", de sa fédération de tutelle, après avoir été agressée pendant plusieurs années par son entraîneur.
"J’ai peur que l’on soit devant une crise qui sera peut-être la crise la plus grande que le sport français va vivre", a assuré ce jeudi matin sur RMC le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) Denis Masseglia, qui confesse avoir entendu parler de rumeurs d'harcèlement et d'agressions sexuelles dans le patinage mais également au sein d'autres fédérations. "À partir du moment où la parole se libère dans une société, comment voulez-vous que le sport y échappe ? Ce qui est exceptionnel, c’est la violence avec laquelle tout ça arrive. Je suis inquiet", a-t-il ajouté évoquant l'effritement de la confiance des parents inscrivant leurs enfants dans des clubs sportifs.
"Il faut que le sport puisse agir avec les pouvoirs publics"
"J’ai une pensée pour les victimes. Trente ans de souffrance ce n’est pas évident. Comment ont fait pour que cela ne se reproduise plus ? Et comment fait-on pour que demain les parents mettent en toute confiance leurs enfants dans des clubs de sport ? On ne peut pas le faire tout seul. Il faut que le sport puisse agir avec les pouvoirs publics", a appelé Denis Masseglia.
Le président du CNOSF a plaidé pour une coopération active entre les pouvoirs publics et les acteurs du sport français, évoquant un croisement des fichiers: "Si un prédateur sexuel est exclu pour agression sexuelle et est sanctionné, sans suivi évident pour qu’il ne se retrouve pas dans un autre sport, il va falloir un moment faire des croisements de fichiers. Il en va de notre survie. Les pouvoirs publics ont besoin du mouvement sportif, le mouvement sportif a besoin des pouvoirs publics", a plaidé Didier Masseglia.
"Dans une société en recherche de repères, on a besoin d’un mouvement sportif qui puisse continuer ses missions d’éducation, de cohésion sociale et de lien avec la santé. Sans club il n’y a pas d’équilibre de la société française. Il ne faut pas non plus que cela se traduise par quelque chose de négatif. Il faut sauver le soldat club", a-t-il ajouté.
Didier Gailhaguet "dans l'outrance verbale"
Après le témoignage de Sarah Abitbol, le rôle de Didier Gailhaguet a été pointé du doigt. Le président de la FFSG est accusé d'avoir fermé les yeux sur les agissements de Gilles Beyer, l'ancien entraîneur de la patineuse. Mercredi en conférence de presse, Didier Gailhaguet s'est accroché à son poste, assurant n'avoir pas commis d'erreurs, après l'injonction à démissionner de la ministre des Sports. Roxana Maracineanu, a menacé de retirer l'agrément de la FFSG, la faisant passer sous l'égide du Conseil national Olympique du sport français. Didier Gailhaguet a dénoncé "les minables qui ne connaissent ni l'homme ni son travail".
"On est dans l’outrance verbale qui fait qu’un moment il ne faut pas que le débat devienne un débat de personnes où l’on parle uniquement de Didier Gailhaguet. La situation est beaucoup plus grave que ça, et pour les victimes et les bénévoles qui travaillent dans les clubs", a assuré Denis Masseglia, invitant le président de la FFSG à faire ce qui était "le mieux pour sa fédération et son honorabilité, appelant les clubs membres à se mobiliser "pour prendre en main la destinée de la fédération".