"C’est la station du crack": le métro Stalingrad, à Paris, est envahi par les dealers et les toxicomanes

Après la "colline du crack", porte de la Chapelle, puis le quartier de la Rotonde, c'est désormais la station de métro Stalingrad, à Paris, qui est envahie par les consommateurs de crack. Déjà gangrenée par le trafic de crack, la place Stalingrad devrait prochainement être rénovée par la ville, avec comme objectif les Jeux olympiques, entre autres. Le trafic pourrait donc se déplacer davantage sous terre, dans la station de métro de la ligne 5. C'est ici que se passe le trafic de crack en pleine journée, dans les couloirs et sur les quais du métro Stalingrad.
Et tous les jours, c’est le même constat. "Il y a encore quelqu’un qui ne sait pas marcher droit, constate Alicia, qui y passe chaque soir en rentrant du travail. C’est la station du crack. Il y en a, ils ne sont presque pas habillés, comme s’étaient épuisés, comme s’ils n’avaient pas dormi depuis trois jours, comme des zombies. Il y en a quand même pas mal. A 22h, il n'y a même que ça sur le quai. Tous les soirs, je suis face à ça."
Ce soir-là, il est seulement 21h quand une toxicomane nous aborde. "T’as un stylo s’il te plait?". Elle nous demande un stylo et un tampon pour fabriquer une pipe a crack. "On est complètement dedans, là", explique Alicia. Puis cette consommatrice de crack s’en prend à une passante et la menace. Une scène habituelle pour Alicia: "Il faut être neutre, le plus neutre possible".
"C’est plus facile pour s’échapper"
Dans la station, les dealers sont partout, cachés sous une caméra de la RATP, marchant d'un pas assuré sur les quais… Ils dénotent avec les toxicomanes errant à la recherche d'une dose, comme Estelle et Fafa, qui consomment du crack depuis 30 ans. Elles achètent et se droguent dans le métro: "C’est plus facile pour s’échapper. Le photomaton, c’est discret. Ça me dérange moins que dans les escaliers, à la vue de tout le monde, où ça la fout mal".
Dans les couloirs, les agents de sûreté et les policiers patrouillent très régulièrement, chassant les dealers et les consommateurs. Mais cet homme qui fume du crack dans un photomaton reviendra quelques minutes plus tard… Pour le maire du 19e arrondissement de Paris François Dagnaud, c’est surtout sur le plan médico-social qui faut agir: "La dimension santé publique est un peu passée à la trappe. C’est là-dessus qu’on a besoin d’avancer aussi". Et il espère que les Jeux olympiques serviront de prétexte pour mener durablement une véritable politique sociale pour ces dizaines de toxicos réfugiés dans le métro.
"Le problème sera réglé avant les Jeux"
Invité de RMC-BFMTV ce vendredi matin, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez assure que "le problème du crack sera réglé avant les Jeux". "Depuis octobre 2022, on a totalement démantelé le campement à ciel ouvert sur le square Baron, souligne-t-il. On mène des actions résolues contre les trafiquants. Parce que le problème, ce sont les trafiquants de crack. En 2022, on en a interpellé 285. Et en 2023, c’est 491. C’est important de lutter contre le trafic. (...) Nous sommes très présents partout dans le nord-est parisien pour disperser les consommateurs et veiller à ce que les services médico-sociaux puissent les prendre en charge. Ce n’est plus un problème policier."
Tout en mettant l'accent sur le suivi médico-social, Laurent Nuñez compte sur la présence policière pendant les JO pour éviter ces images de dealers et de consommateurs sur les quais du métro. "Actuellement, dans le métro, j’ai 125 patrouilles tous les jours. Pendant les Jeux, j’en aurai 700, quasiment cinq fois plus, affirme le préfet de police de Paris. Des progrès sont faits. Ils ne sont plus que 100-150 à errer dans le nord-est parisien, alors qu’ils étaient plusieurs centaines il y a encore deux ans. On a fait d’énormes progrès. En tout cas, je peux vous le garantir, et c’est ce que me demande le ministère de l’Intérieur, il y aura une présence forte de policiers sur la voie publique."