Emeutes après la mort de Nahel: les réseaux sociaux ont-ils une responsabilité dans les violences?

Les réseaux sociaux sont pointés du doigt depuis le début des émeutes en marge de la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier mardi dernier à Nanterre. Les représentants des principales plateformes ont été appelés à faire preuve de responsabilité. Mais il n’est pas question de couper TikTok ou Snapchat.
Il n’en est pas question, contrairement à une rumeur qui a beaucoup couru dimanche. Un communiqué imitant la communication du gouvernement annonçait qu'internet allait être coupé la nuit dans certains quartiers. Des restrictions visant à empêcher la coordination des actions illégales et les incitations à la violence…
Sauf que tout était faux. La direction de la police nationale a rapidement fait savoir que le document qui circulait était un faux. Le ministère de l'Intérieur a fait savoir qu’il n’existe aucun projet de restreinte l'accès à internet et aux réseaux sociaux.
Les responsables des plateformes convoqués
Les représentants de Meta, c'est-à-dire Facebook, Instagram et WhatsApp, ainsi que les patrons de Snapchat, Twitter et TikTok, ont été convoqués au ministère de l’Intérieur vendredi soir. Gérald Darmanin leur a demandé de s’engager activement à retirer les messages qui leur sont signalés. Le ministre de l'Intérieur leur a aussi demandé d’aider les autorités à identifier les auteurs de messages qui encouragent à la violence et de répondre rapidement aux réquisitions des juges et des policiers.
Ils ont répondu qu’ils étaient d’ores et déjà mobilisés. La maison mère de Facebook et d’Instagram, Meta, affirme avoir mis en place une cellule de veille dès le milieu de la semaine dernière pour agir le plus vite possible, en contact permanent avec les autorités françaises.
Les responsables de Snapchat assurent également supprimer tous les contenus dangereux, soit lorsqu’ils leurs sont signalés, soit lorsqu’eux-mêmes les découvrent. Pour cela, un outil est utilisé, la "Snap Map", une carte interactive qui localise l’origine des messages pour mieux surveiller ceux qui viennent des quartiers où ont lieu les émeutes.
Une première condamnation
Le ministre de la Justice a aussi rappelé qu’il était possible de fermer les comptes. Eric Dupond-Moretti a aussi annoncé son souhait de traquer les utilisateurs des réseaux sociaux qui s’en servent pour appeler aux violences ou pour se donner rendez-vous pour casser.
Le garde des Sceaux veut que tout le monde comprenne qu’il n’y a pas d'impunité sur internet, et que les procureurs iront chercher l’identité de ceux qui donnent des lieux et des cibles d’agression.
Et de fait, un homme a déjà été condamné. Il a été jugé vendredi en comparution immédiate pour avoir relayé un message qui donnait le nom du policier auteur du tir qui a tué le jeune Nahel, et la ville où il habitait. Ce garçon de 20 ans n'était pas l’auteur du message, il n’a fait que le partager sur Snapchat. Mais cela lui a tout de même valu 18 mois de prison, dont six mois ferme.
Quel rôle réel pour les réseaux sociaux?
Est-ce que les réseaux sociaux ont vraiment joué un rôle important depuis le début des émeutes? C’est la question importante. Et la réponse, c’est sans doute moins qu’on ne le pense.
Il y a bien sûr des casseurs qui utilisent ses réseaux pour se donner rendez-vous. Il y a évidemment énormément d’images violentes qui circulent et elles peuvent avoir un effet d'entraînement.
Mais les spécialistes font remarquer qu’en 2005, les réseaux sociaux n’existaient pas mais qu’il y avait déjà un effet de surenchère entre quartiers. Et que sans les réseaux sociaux, les délinquants parvenaient parfaitement à se donner rendez-vous.
On n’a pour l’instant pas trouvé d’exemple d’un événement grave que l’on puisse attribuer à un appel public lancé sur Facebook ou TikTok.
Par exemple; à L’Hay-les-Roses où le domicile du maire a été attaqué, les menaces et les appels à brûler sa maison n’ont pas été proférés sur internet mais sur les murs de la ville avec des tags. Si les auteurs de cette attaque s'étaient coordonnés sur les réseaux sociaux, ils auraient déjà été arrêtés…