“Ça aurait pu être moi": l'épouse d'un homme soupçonné d'avoir tué son amante témoigne

Un énième féminicide. Le samedi 26 août 2023, à Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), une femme de 52 ans est transportée en arrêt cardiorespiratoire par les secours vers un hôpital proche, où elle succombe à ses blessures. L'autopsie révèle qu'elle est morte d'une hémorragie cérébrale et le médecin légiste constate des lésions "évocatrices de violences par un tiers”.
Un individu, son amant, a été interpellé dans la foulée et placé en garde à vue en raison de blessures jugées suspectes. Cet homme marié, mais pas avec la victime, a ainsi été mis en examen du chef de "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et placé en détention provisoire, mardi 29 août.
Le mis en cause était déjà connu pour des faits de violences conjugales, selon le ministère public. Il avait été condamné à six mois de prison avec sursis en octobre 2020 à Paris pour "des faits de violence par conjoint" ayant entraîné une incapacité de 15 jours sur son ex-épouse, en 2017.
Début mars 2023, il avait été placé en garde à vue après que son épouse actuelle a déposé une plainte en janvier, l'accusant de l'avoir violée et d'avoir commis des violences psychologiques à son encontre. Cette dernière témoigne au micro de RMC.
"Si on avait pris en compte ma plainte, on n’en serait pas là"
Sabrina, 41 ans, a encore du mal à réaliser: son conjoint, qu'elle accuse de violences, est aujourd'hui mis en examen pour la mort de sa maîtresse.
“Ça aurait pu être moi... J’ai été sous son emprise ces deux dernières années. Je n'avais plus le droit de voir ma famille. J'ai été coupée de tout, je devais être à ses ordres… J'ai dénoncé les violences qui ont été faites, dont le viol, le harcèlement. Mais tout ça n’a pas été entendu”, relate-t-elle.
La quadragénaire a déposé plainte en janvier dernier. Et dès le départ, elle demande, sans l’obtenir, une ordonnance de protection contre son mari déjà condamné pour violences conjugales.
“C'était continuellement des menaces. Il venait la nuit me remettre des caméras et me surveiller à la maison. J'appelais la police, et on me disait malheureusement qu'il avait le droit de rentrer chez lui. Il n’y a pas eu de mesure d'éloignement. Mais si on avait pris en compte ma plainte, on n’en serait pas là”, déplore Sabrina.
Huit mois plus tard, l'enquête pour viol est toujours en cours. Sabrina a finalement obtenu en appel une interdiction de contact le mois dernier. Mais trop tard pour son avocate, Me Marion Harir. “Aucune action n'a été entreprise pour lui dire: ‘mais ce que vous faites, monsieur, c'est interdit’. Ces avertissements-là, il ne les a pas reçus. C'est une totale impunité et ça explique sans doute le geste qu'il est présumé avoir commis”, explique l'avocate.
Le mis en cause conteste aujourd'hui l'intégralité des faits qui lui sont reprochés. Son avocate n'a pas souhaité nous répondre.
3919: le numéro de téléphone pour les femmes victimes de violences
► Le "3919", "Violence Femmes Info", est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). C'est gratuit et anonyme. Il propose une écoute, informe et oriente vers des dispositifs d'accompagnement et de prise en charge. Ce numéro est géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).