Il déloge des dealers grâce à des appels en prison: "Les flics m'ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire"

"Quand on habite à Marseille et ses alentours, les anecdotes liées au trafic, on peut vous en sortir tellement...". La drogue, avec sa consommation et sa vente illégales, continue d'avoir un impact fort sur le quotidien des habitants de la cité phocéenne, et de toutes les Bouches-du-Rhône. Cécilia, la jeune mère de famille délogée avec sa fille de 5 ans en raison du point du deal installé en bas de chez elle à cause de la pression de dealers, en est un nouvel exemple choquant pour l'opinion publique.
"C'est comme dans les films de guerre à télé"
Vincent, 50 ans, chef d'entreprise dans la région, a livré sur RMC ce mardi matin un nouveau témoignage édifiant sur la puissance de ces narcotrafics.
"Il faut le vivre au jour le jour pour comprendre l'ampleur et surtout le dangerosité des gens que l'on a en face de nous", lance-t-il dans Apolline Matin.
"Il n'y a pas plus tard qu'un quart d'heure, je suis passé devant une cité, celle des Oliviers à Marseille, gangrénée par le trafic de drogue. Il y a des gamins entre 14 et 17 ans qui tous les jours montent le point de deal. C'est comme dans les films de guerre à télé, comme à Mogadiscio. Il y a des palettes en feu qui vous obligent à zigzaguer en voiture. Et après, vous êtes fouillés à l'entrée, puis dedans. Les gens qui vivent là-bas sont dans un tel climat d'insécurité, on ne peut pas l'imaginer."
"Une fois que ça dérape, ils sont inarrêtables"
"Les gens vous parlent d'une façon extrêmement gentille, courtoise, ils sont souples. Mais vous sentez que si vous n'allez pas dans leur sens, ça peut déraper illico presto. Et une fois que ça dérape, ils sont inarrêtables", explique Vincent.
"J'ai un local dans le centre-ville où il y a un point de deal en face. Les locataires de ce local m'ont dit que les clients ne peuvent plus rentrer dans le local, embêtés par les jeunes qui dealent devant", ajoute-t-il.
"J'ai essayé d'aller parler avec ces jeunes, et le gamin de 17 ans a essayé de me monter dessus, de m'impressionner, en me disant: 'Si tu ne pars pas, dans trois minutes, on va te rafaler'."
"Je suis parti, j'ai appelé les flics et ils m'ont dit: 'Désolé, on ne peut rien faire'", raconte Vincent.
"C'est de la barbarie, c'est effrayant"
"Pour arriver à faire partir le point de deal, il a fallu que j'appelle un ami à moi dont la famille a 'le cul entre deux chaises', qu'il contacte quelqu'un en prison à Paris qui lui-même a contacté quelqu'un en prison à Luynes (nord de Marseille) et qui lui-même a réussi à contacter les mecs qui tenaient le point de deal pour les faire bouger de devant le local...", assure cet auditeur RMC.
"Je suis chef d'entreprise, j'ai des revenus, j'ai pas de soucis. Quelqu'un qui a des revenus modestes, comment il s'en sort? Les policiers sont désabusés, ils ont un niveau d'acceptabilité de l'irréel... Le film Bac Nord, c'est la réalité. Les politiques, ils vivent dans d'autres quartiers, ils ne voient pas la vraie vie."
"Chez nous, à Marseille, on n'est plus dans la peur. C'est de la barbarie, c'est effrayant", conclut-il.