Procès de Monique Olivier: "Elle n’a rien fait pour la sauver", accuse la mère d’Estelle Mouzin

La famille d'Estelle Mouzin a témoigné ce mercredi 6 décembre au procès de Monique Olivier, à la cour d'assises de Nanterre (Hauts-de-Seine). Sa parole est rare: la mère de Estelle Mouzin s'est exprimée en visioconférence, depuis le tribunal de Carcassonne (Aude). Les cheveux gris courts, un tailleur bleu. "Estelle était la plus jeune d’une fratrie de trois et je l’aimais de tout mon cœur. Une enfant facile, toujours de bonne humeur et souriante. Elle avait une personnalité extravertie, elle parlait beaucoup. Une vraie pipelette", se rappelle sa maman.
Vingt ans après son enlèvement, elle confie, la voix éraillée: "J’ai commis une grave erreur en la laissant rentrer toute seule. Elle était un vrai soleil, que Fourniret nous a enlevé. Monique Olivier a laissé faire sans aucune émotion. Elle n’a rien fait pour sauver Estelle. Elle a aussi tué Estelle".
"J’ai passé presque 20 ans à ne pas imaginer Estelle violée, tuée", écrit sa soeur aînée
"Estelle, c’était des grands yeux verts tachetés d'or, un grand sourire", écrit Lucie Mouzin, sa sœur aînée, qui vient d’avoir un deuxième enfant et n’a pas pu faire le déplacement depuis Londres. C’est l’avocat de la famille, Didier Seban, qui lit son texte: "Quand elle a disparu, elle venait de perdre ses dents de lait. Les deux photos d’elle que tout le monde connaît ne sont pas représentatives. Je me souviens d’elle sauter et jouer. Pour nous, le monde s’est arrêté, suspendu dans le vide. J’ai passé presque 20 ans à ne pas imaginer Estelle violée, tuée".
Arthur Mouzin, cheveux relevés en chignon, s’avance ensuite à la barre. Il avait 14 ans quand sa sœur Estelle a disparu. Il se sent coupable encore aujourd’hui d’avoir choisi à l’époque de vivre chez son père, sans Estelle. "J’aurais peut-être été en charge d’aller la chercher après l’école", dit-il.
Yann, le demi-frère, raconte "le vide, la carapace et le détachement pour survivre", loin désormais de toute émotion forte.
"L'accusée a fait le choix d’être une actrice de l’horreur", témoigne la demi-soeur d'Estelle
Estelle, la demi-sœur, cheveux blonds et costume noir, avait 9 ans, comme Estelle à l'époque. "Même âge, même prénom. Au début, ça faisait rire nos parents. Puis c’est devenu une charge. Que serait-elle devenue si elle avait été épargnée?", s’interroge la jeune femme. Elle demande à ce que soit projetée une photo d’elle enfant lors d’une marche blanche.
"J’aurais pu moi aussi être un beau petit sujet", dit-elle, comme Fourniret surnommait ses proies et victimes. "L’accusée ici a fait le choix d’être une actrice de l’horreur", ajoute-t-elle.
La belle-mère d’Estelle, Dominique, est en larmes quand elle témoigne à son tour. Elle a soutenu son mari Éric Mouzin pendant 20 ans. Le père d’Estelle a fait le décompte: c'est le 7.636e jour depuis qu’Estelle a été enlevée. Il raconte son combat, le temps suspendu, la dépendance à l’égard de la justice et les larmes versées souvent en déplacement dans l’avion, "contre le hublot, à l’abri des regards".
A la fin de cette matinée, Monique Olivier a présenté une nouvelle fois ses excuses aux familles des victimes. Incapable de verser des larmes, elle est apparue éprouvée malgré tout. Elle a réaffirmé qu’elle ne savait pas où se trouvait le corps de la petite fille, déclarant même: "J’aimerais qu’Estelle puisse reposer en paix".