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Procès de Monique Olivier: "Je vais mourir en prison, je n’ai rien à cacher"

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Monique Olivier a été interrogée ce mardi sur les enlèvements et séquestrations suivies de mort de Marie-Angèle Domece et Joanna Parrish. Incapable de donner la localisation du corps de Marie-Angèle Domece, elle s’est défendue de retenir des informations attendues par les parties civiles.

Comme au premier jour de l’audience, Monique Olivier, l'ancienne femme du tueur en série Michel Fourniret, en sweat blanc, se dit prête ce mardi à répondre à toutes les questions pour aider les parties civiles. Le président lui rappelle qu’elle n’a pas donné beaucoup de détails sur les disparitions de Marie-Angèle Domece et de Joanna Parrish alors qu’elle a été interrogée 22 fois sur ces deux affaires depuis ses premiers aveux en 2005.

"Certains souvenirs ont du mal à revenir. Je ne fais pas exprès", explique Monique Olivier. "C’est embrouillé".

"En 1988, Michel Fourniret se rendait souvent à Auxerre à la recherche de jeunes filles à enlever pour les violer, il faisait des repérages?", lui demande le président. "Oui. Parfois, il partait toute la journée. Seul. En voiture ou à pied. Quand je l’accompagnais, je servais d’appât. C’est lui qui choisissait ses victimes."

"Et pour Marie-Angèle Domece?", lui demande le juge. "Il fallait un endroit désert sans personne pour le voir. Il a dû la repérer avant… Oui, je savais ce qu’il allait arriver", admet Monique Olivier. "Qu’il allait l’enlever, la violer et la faire disparaître. Il y avait déjà eu des victimes avant."

A l’époque, Monique Olivier est enceinte de 7 mois. "Quand j’étais enceinte, il disait aux jeunes filles qu’on cherchait un médecin…", explique l’accusée, qui dit que Michel Fourniret lui a demandé de s’éloigner de la voiture. "Un moment après, il m’a rejointe", poursuit-elle. "Et là, j’ai su qu’elle n'était plus à l’arrière. Elle était dans le coffre. Il m’a dit qu’il avait obtenu ce qu’il voulait. Il m’a dit qu’il l’avait étranglée avec ses mains."

Elle affirme que Michel Fourniret est allé enterrer le corps seul. Interrogée à plusieurs reprises sur la localisation du corps de Marie-Angèle Domece, qui n’a jamais été retrouvé, elle répond: "Pourquoi je ne le dirais pas? Par méchanceté? Je vais mourir en prison, pourquoi je le cacherais?".

Monique Olivier à son procès le 5 décembre 2023
Monique Olivier à son procès le 5 décembre 2023 © Marion Dubreuil pour RMC

"Je ne regardais pas"

Depuis le début de son interrogatoire, le père de Joanna Parrish -assisté d’une traductrice- est très attentif aux débats. Parfois les sourcils froncés, le visage tendu. Le président interroge désormais Monique Olivier sur le meurtre de l’étudiante. "Fourniret l’avait sans doute contacté par l’intermédiaire d’une annonce pour des cours d’anglais", suppose Monique Olivier.

Elle était avec son mari quand il a enlevé la jeune femme de 20 ans et qu’il l’a emmenée dans un endroit désert. Monique Olivier évoque la violence de Michel Fourniret, les coups de poing: "Ça a dû le contrarier qu’elle lui dise qu’elle avait un petit ami. Il voulait toujours être le premier".

"Elle a perdu conscience?" l’interroge le président. "Sans doute, je ne regardais pas". "Ça se passait derrière vous, dans votre dos à quelques centimètres, il l’a bâillonnée?"., demande le juge. "Je ne pense pas", répond Monique Olivier.

"Il lui a fait boire de l’alcool? Et les piqûres? Il avait des seringues", enchaîne le président. L’enjeu est de permettre à la famille de Joanna Parrish de connaître les derniers instants de la jeune fille. "Que s’est-il passé en 3h, c’est très long 3h?". Pas de réponse.

Le président reprend en citant Michel Fourniret, en 2018: "Si Monique avait été absente, ces personnes seraient toujours là. Elle possède un art, celui de faire faire ce qu'elle veut. Si j'étais resté avec ma deuxième épouse, ça ne se serait jamais produit. Une autre personne aurait agi comme un frein, mais pas elle". "C’est faux", se défend Monique Olivier.

Après une courte suspension la famille Parrish très éprouvée ne revient pas dans la salle d’audience pour la suite de l’interrogatoire de Monique Olivier.

Marion Dubreuil (édité par J.A.)